Les huîtres de Basse-Normandie n'ont jamais été aussi belles que cette année et jamais en aussi faible quantité non plus.
Car la surmortalité reste d'actualité dans les parcs de la région depuis 2008.
Les huîtres commercialisées cette année ont survécu à cet étrange phénomène de la surmortalité des naissains qui frappe les élevage depuis quatre ans. Il en faut trois pour qu'une huître arrive à maturité et soit mise sur le marché. Ces huîtres sont donc la deuxième génération des huîtres malades.
Moralité, à Blainville-sur-Mer par exemple, là où les ostréiculteurs produisaient 12 000 tonnes en 2008, on est tombé entre 7 000 et 8 000 tonnes cette année.
Plus rares, et donc plus chères (les prix sont multipliés par deux), mais pour combien de temps ? Car la ressource s'épuise et les stocks sont au plus bas à deux mois des fêtes de fin d'année.
Ce qui inquiète les producteurs à présent, c'est que le phénomène atteint pour la première fois les huîtres juvéniles, celles qui ont 18 mois. Elles se mettent à mourir par endroit sans que l'on sache pourquoi.
Une situation qui entame le moral des ostriculteurs. Cette année encore, 70% des naissains sont morts au printemps. L'huître serait-elle en voie de disparition ?
Reportage à Blainville-sur-Mer de Pierre-Marie Puaud et Stéphanie Vinot :
Le Centre de référence de l'huître
Depuis 2008, la production d'huîtres en Basse-Normandie, première région productrice en France, a chuté de 30 000 à 18 000 tonnes.
L'ostréiculture bas-normande c'est 350 entreprises pour moins de 2 000 emplois.
Les collectivités locales - la Région, les Conseils généraux de la Manche et du Calvados, le Comité régional conchylicole, le Syndicat mixte d'équipement du littoral et l'Ifremer ont créé, avec l'université de Caen et les laboratoires dont Frank-Duncombe à Caen, le Centre de référence de l'huître (CRH).
Objectif : tout mettre en oeuvre pour traiter le virus à l'origine de l'hécatombe.
Le pilote du CRH est le professeur Michel Mathieu, de l'université de Caen, qui se louait des moyens qui lui ont été attribués en janvier dernier lors de la création du Centre. "Nous sommes les seuls à disposer d'un séquençage du génome de l'huître. Il nous permet de voir comment le gène évolue".
Le CRH, qui travaille en étroite collaboration avec les producteurs, intervient notamment lors des transferts des naissains, opération délicate au cours de laquelle le virus se développe.