Dans cette commune de l'Orne, la construction du garage communal a été effectuée par des salariés roumains. Les artisans des environs sont furieux contre la mairie.
Il y a quelques années, c'est la figure du plombier polonais qui faisait office d'épouvantail de la mondialisation, le "réceptacle" de toutes les peurs vis à vis de l'ouverture des frontières sur le marché du travail. Aujourd'hui, c'est le travailleur roumain qui a pris sa succession. Le pays a changé mais les craintes restent les mêmes. A Passais-la-Conception , le garage communal reste en travers de la gorge des artisans locaux. Pour sa construction, la mairie a fait appel à une entreprise basée dans les Landes. Celle-ci a sous-traité le chantier à une société roumaine. "Si on continue comme ça, est ce qu'on a encore le droit d'exister, est ce qu'on doit changer notre politique, embaucher de la main d'oeuvre de l'est qui coûte beaucoup moins cher ?", demande Dominique Jouin, charpentier.
Le premier magistrat de la commune était au courant de cette sous-traitance. Il s'est assuré auprès de son prestataire que la législation était respectée: chaque salarié roumain a fait l'objet d'un contrat de travail établi en français, est payé en conformément à la législation française et à la convention collective française concernée. Pour le maire, "ce ne sont pas des sous-employés". L'avantage pour le sous-traitant, car avantage il y a, réside dans la flexibilité de ces salariés et l'absence de frais de mission. Les artisans en colère souhaiteraient que les collectivités jouent le jeu de la préférence locale.