Nouveau retard pour l'EPR de Flamanville. Le réacteur de 3e génération ne démarrera pas avant 2017. L'électricien pointe du doigt son équipementier Areva, déjà en pleine débâcle financière et industrielle.
2012 à 2014 et maintenant de 2016 à 2017! Depuis 2004, l'année ou la décision de sa construction, le réacteur de 3e génération, n'en finit pas d'être reporté. Sa filiale RTE, qui gère le réseau électrique à haute tension en France, avait toutefois annoncé dès septembre que l'EPR de Flamanville ne fonctionnerait pas à plein régime avant 2018. Avant ce dernier retard, le surcoût officiel se chiffrait à 8,5 milliards d'euros, près de trois fois plus que le budget initial de 3,3 milliards. Dans son dernier communiqué de presse, EDF pointe des retards de livraison de son fournisseur Areva et la réglementation des équipements sous pression nucléaires (ESPN): "Les livraisons d’équipements tels que le couvercle et les structures internes de la cuve et la mise en place de la réglementation des équipements sous pression nucléaires (ESPN) pour laquelle Flamanville 3 est tête de série, en particulier sur un lot de montage réalisé par Areva et ses entreprises sous-traitantes."
Les soudures
Selon une source de nos confrères de l'Agence France Presse: "un défaut a été constaté dans une soudure réalisée entre un générateur de vapeur et une branche d'une boucle primaire de la centrale de Flamanville 3". Dans son communiqué, l'électricien maître d'oeuvre déclare qu "Areva a également présenté à EDF un point sur les analyses en cours sur le défaut de soudure au niveau des générateurs de vapeur, les essais de qualification des soupapes du pressuriseur et les expertises métallurgiques sur les matériaux du couvercle de la cuve." Aucune précision n'est donnée sur ces "analyses en cours". Non respect du droit du droit du travail, problèmes avec les sous-traitants français et étrangers, malfaçons à répétition, et deux accidents mortels du travail: les soudures sont loin d'être la seule difficulté rencontrée sur le chantier de Flamanville.
En pleine débâcle: Areva abandonnerait l'EPR
De son côté, le mardi 18 novembre, le service presse du groupe Areva annonce qu'il "suspend ses perspectives financières pour les exercices 2015 et 2016 ". Résultat: la cotation du titre a été suspendue dans l'après-midi. La raison? Des retards du chantier de la centrale EPR finlandaise Olkiluoto 3 et de "glissements dans le calendrier de redémarrage" des centrales nucléaires au Japon. A titre d'exemple, le coût réel de la centrale EPR en Finlande, actuellement en construction, pourrait dépasser les 10 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires d’Areva de 9 milliards! Selon le magazine Challenges, Philippe Varin, le nouveau patron d'Areva travaillerait à un plan radical, où il envisagerait d'abandonner la construction de nouvelles centrales EPR. Reportage de Pauline Latrouitte sur archives