Quatre anciens salariés de Jeannette ainsi que le secrétaire de l'Union Locale de la CGT de Caen sont assignés devant le juge des référés pour "trouble manifestement illicite". Il leur est réclamé à chacun une somme de 25 000 euros pour avoir occupé les locaux de l'usine depuis le 20 février 2014.
Devant le palais de justice, les anciens collègues de Jeannette sont venus soutenir leur collègues qui se voient aujourd'hui réclamer des "sommes astronomiques". Une délégation de la SA Lainé a également fait le déplacement, pour le principe : "lorsque nous occupions nos locaux à Cormelles le Royal, ils étaient venus nous soutenir. C'est un combat que nous avons mené en se basant sur leur exemple, c'est donc normal d'être là pour les épauler".
Après plus de 300 jours d'occupation, le tribunal de commerce de Caen a fini par désigner un repreneur. Georges Viana se donne pour objectif de faire redémarrer l'activité. "On est à la finalité du projet. On n'attend plus que quelques bonnes nouvelles pour redémarrer indique le secrétaire de l'Union Locale de la CGT. Laissons donc ces salariés tranquille. Ils le mérite bien au regard de leur engagement depuis un an pour sauver leur entreprise, poursuit Franck Merouze, qui est lui-même poursuivi pour "trouble manifestement illicite". Et de conclure : "La lutte des Jeannette, c'est la lutte du bon sens. Comment des gens qui se battent pour protéger leur outil de travail et pour maintenir une activité peuvent aujourd'hui se retrouver à la barre d'un tribunal accusé d'avoir causé un soi-disant trouble ? Si on voulait nous décourager, on ne s'y prendrait pas autrement !"
Le reportage d'Aurélie Misery et Franck Bodereau :
C'est le propriétaire des locaux, la SCI la Madeleine qui réclame 128 522 euros aux cinq prévenus en réparation de l'occupation qui a commencé le 20 février 2014. Le principal actionnaire de cette société civile immobilière, Jean-Claide Cherrier, fut aussi le propriétaire de la marque Jeannette entre 2002 et 2009. Pour son avocat, Me Stéphane Pieuchot, quelle que soit la légitimité des revendications des salariés, "il ne peut pas y avoir de violation du droit de propriété, un droit absolu". Dans la salle d'audience, l'argument fait bondir l'avocate des prévenus pour qui "le droit de propriété absolu, , c'était il y a 40 ans", ajoutant qu'aujourd'hui, "parfois, la défense des droits sociaux prime sur le droit de propriété". Me Elise Brand juge d'autant plus "audacieuse" la demande de la SCI que, selon elle, Jean-Claude Cherrier a, via une autre société, profité de l'occupation et de sa médiatisation en vendant dans ses boutiques des produits (boites, caramels,) à l'effigie de la marque Jeannette, jusqu'à ce qu'il soit sommé par le liquidateur de la SCI de mettre fin à ce commerce.