Bières normandes : les micro-brasseries traversent la crise du coronavirus

La bière locale a le vent en poupe auprès des amateurs depuis plusieurs années, et cette tendance aide les brasseurs normands à traverser ces temps économiques troublés. Sur la centaine de micro-brasseries que compte la région, certaines pensent s’en sortir grâce aux circuits courts.
 

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Le bruit est assourdissant dans la brasserie de l’Odon. Le brassin, qui va permettre de récupérer le moût, est en cours de fabrication. Les deux associés Jean-Marc Berthelot et Vincent Guyot s’activent. L’un déverse les sacs de grains bios qui seront concassés tandis que l’autre s’attaque au mélange au-dessus d’une cuve en inox qui crache sa vapeur d’eau.


Ces deux-là n’ont pas cessé de brasser leur bière depuis le début de la crise sanitaire, mais ils ont modifié leur organisation.  « Le but, c’est surtout de continuer à travailler, on vide une cuve par semaine et on embouteille. On s’arrêtera quand on n’aura plus de grain » précise Vincent Guyot.

Et du côté du stockage, ils ouvrent la porte de leur grand entrepôt, qui abrite quelques palettes de bouteilles vides. Il n’y en a jamais eu aussi peu puisqu'ils continuent d'embouteiller leur breuvage houblonné… mais juste à côté, c’est le stock de fûts qui les inquiète.
« D’habitude, à cette période-ci de l’année, on en a une centaine maximum. Aujourd’hui on en a 800  »,  précise Jean-Marc Berthelot.

La faute à la fermeture des bars mais aussi à l’annulation des festivals, mariages et autres fêtes de quartier.  

Ces stocks non-vendus représentent une perte de 50 à 60% de leur chiffre d’affaire.
« On note en revanche une nette croissance de nos ventes de bouteilles dans nos points de distribution habituels », souligne Vincent Guyot « même si cela ne compense pas nos pertes, c’est déjà bon à prendre ».
Pas question pour les associés de se tourner vers les circuits de la grande et moyenne surface (GMS), par solidarité avec les cavistes et petits commerçants qui proposent leurs bouteilles.

Tourner le dos à la grande distribution

 « Nous livrons nous-mêmes nos produits parce qu’on tient à connaitre personnellement nos clients, à avoir un lien direct avec eux. Les cavistes nous ont aidés quand on a débuté ; cette fois-ci c’est à nous de les aider aussi. » Quitte à se fermer d’autres marchés qui pourraient réellement compenser leurs pertes actuelles.

" On tourne le dos à la GMS par conviction, on croit aux circuits courts et au local."
Jean-Marc de rajouter : « Aujourd’hui on est en crise. Est-ce dangereux ? Probablement. Est-ce que nous, on est déjà en danger ? Non je ne pense pas. Notre structure est très souple, on est associé… Bon, iI faut vraiment veiller à ce qu’on ne tombe pas malade en même temps ! » plaisante-t-il.
 

Le circuit court, c’est aussi le crédo d’Erika et de François Vassout. Ce couple s’est converti au brassage il y a plus de 10 ans, avec succès et depuis, ils n’ont cessé de s’agrandir ; le créneau du tout bio pour lequel ils ont opté a fait ses preuves. La lie implantée à Saint-Rémy-Sur-Orne dans le Calvados est la 3e plus grosse micro-brasserie de Normandie.
 
Ce matin-là, François vend des cartons de bouteilles de bière dans un drive fermier, celui proposé depuis le début de la crise de covid-19 par le GAEC des Rotours à la ferme, près de Putanges.

Les clients qui se sont préinscrits viennent donc chercher dans la cour de la ferme leur fromage, leurs légumes et leurs œufs, mais aussi leurs bouteilles de bière.
François Vassout écoule une dizaine de ses cartons, auprès de clients qu’il reconnaît parfois. « La solidarité joue à plein », précise-t-il.

Plus de traçabilité et de transparence

« On a perdu environ 30% de notre chiffre d’affaire. Mais on a effectué un travail de fourmi bien avant la crise : nous travaillons habituellement avec 600 à 700 points de vente.
Aujourd’hui cela nous préserve un peu » précise Erika Vassout.

Pour François, « la crise du covid-19 renforce la demande de traçabilité et de transparence de la part des consommateurs, en plus, dans ces petits points de vente, on a un contact humain fort, déjà établi . »
Les micro-brasseries comme La Lie ou la Brasserie de l'Odon, de par leur dimensionnement et leurs débouchés, devraient donc réussir à résister au choc de la crise.
La meilleure garantie pour eux étant leur solidité financière et leur trésorerie.
 
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