Comme chaque année, l'association de loisirs nautiques Eolia Normandie organise l'opération "Omaha clean up", un grand nettoyage de printemps des plages du secteur. Malgré l'impatience des plus jeunes, les anciens notent le développement d'une amélioration des comportements.
Alors qu'un millier de personnes défilaient dans les rues de Caen ce samedi pour le climat, ils se sont levés ce dimanche de bonne heure, ont enfilé des bottes, des gants et emportés des sacs plastique pour arpenter toute la journée la plage. Une centaine de bénévoles ont répondu à l'appel de l'association Eolia Normandie, qui organise depuis 16 ans, un grand nettoyage de printemps dans le secteur d'Omaha beach.
Pour Malo, 13 ans et dont les parents ont créé une association de défense de l'environnement, pas question de manquer ce rendez-vous. Le jeune garçon a à peine fait une centaine de mètres qu'il sent déjà la moutarde lui monter au nez, devant son sac presque plein. "Evitez d'acheter des choses dans des emballages plastique, on en retrouve partout, partout, du polystyrène, des emballages. Si chacun fait un petit effort, on arriverait à avoir moins de problème." Le plastique, troisième matériau le plus fabriqué au monde, ne cesse de remplir les poubelles (52 kilos en moyenne par terrien) et d'envahir les océans. "Les plastiques, c'est le mal endémique, le mal de notre société moderne", indique Laurent Guérin de l'association Eolia Normandie, "le mal visible ce sont nos déchets dans la poubelle géante qu'est la mer." Près de huit millions de tonnes supplémentaires de plastique échoueraient ainsi chaque année dans les mers.
Choc des générations
Pas de quoi émousser la colère et les convictions de Malo. L'adolescent estime ne pas être un cas isolé dans sa génération. Pour lui, Greta Thunberg a permis "aux jeunes de prendre conscience qu'il fallait agir". Mais il déplore que ce message peine encore à se diffuser plus largement. "Les jeunes sont parfois plus concernés que les adultes. C'est surtout les vieux qui disent : bon, nous c'est pas grave, on va mourir, on ne connaîtra pas les problèmes qui arrivent après. C'est de l'égoïsme !"
A ses côtés, Laurent Guérin, se montre un peu plus optimiste après 16 ans de nettoyage de la plage. Si des boutes en nylon ou des bouées arborant le nom de leurs bateaux continuent à garnir le butin des bénévoles, ce type de déchets semble ces dernières années se faire plus discret. "Il y a vraiment une prise de conscience du monde de la pêche, petit à petit, au fil des années", salue le responsable de l'association Eolia Normandie, "Ce n'était pas évident. Depuis des siècles et des siècles, ça faisait partie de leur culture. Les choses changent, notamment avec les jeunes pêcheurs. On est très content de ça et eux aussi. Ils ont pris conscience que la mer n'est pas une poubelle."
Une citoyenneté nouvelle
Cette prise de conscience se développe aussi parmi les usagers de la plage. A condition de donner un coup de pouce. Depuis trois ans, l'association a mis en place avec les communes de Vierville, Saint-Laurent-Sur-Mer et Colleville des bacs à marée. "Maintenant, il y des gens qui, le weekend, viennent faire du sport ou promener leur animal de compagnie et ramassent les déchets. Et il y a des spécialistes des gros (déchets) et des spécialistes des petits", se réjouit Laurent Guérin, "Cette citoyenneté, elle est nouvelle. Il y a vraiment une prise de conscience qu'il faut faire quelque chose. Et si on règle les problèmes de nos déchets visuels, alors, peut-être, qu'on aura plus de facilité aussi dans l'avenir à régler tout ce qui ne se voit pas."