La Cour d'Appel de Paris a confirmé, mercredi 16 novembre, le non-lieu prononcé en 2019 contre les anciens dirigeants de l'usine Ferrodo-Valéo. Ils sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires par plusieurs associations de victimes du scandale sanitaire de l'amiante.
Les victimes de l'amiante auront-elles un jour le grand procès pénal qu'elles espèrent depuis 26 ans ? Cela en prend de moins en moins le chemin. Trois ans après le non-lieu prononcé par le pôle judiciaire de santé publique, en 2019, la Cour d'Appel de Paris vient de confirmer cette décision, ce mercredi 16 novembre.
Un acte vécu comme un nouveau coup dur pour les victimes, leurs familles et l'association ALDEVA (Association locale de défense des victimes de l'amiante) de Condé-en-Normandie. Depuis un quart de siècle, elles se battent pour faire reconnaître les responsabilités des anciens dirigeants des entreprises Ferodo-Valéo dans le scandale sanitaire de l'amiante, les multiples maladies mortelles que l'exposition à ses fibres ont engendrées lorsqu'ils travaillaient dans ces usines de fabrication de plaquettes de frein.
Dernier recours, le pourvoi en cassation a immédiatement été annoncé par les plaignants, qui en profitent pour dénoncer à nouveau ce qu'ils estiment être une temporisation orchestrée par le système judiciaire.
La justice traîne, elle ralentit la situation. Il y a déjà 233 morts recensés. Les gens malades, qui ont porté plainte au pénal, vont disparaître aussi, parce que ce sont des personnes vieillissantes. Pareil pour les gens mis en examen, les directeurs d'entreprises. A un moment donné, il n'y aura plus de plaignants, ni de responsables.
Jean-Claude Barbé, président de l'ALDEVA
En colère mais pas lasses, les victimes se raccrochent encore à l'éventualité d'une décision favorable de la Cour de cassation. Mais il est probable qu'il faille encore attendre de long mois avant la réponse.
"On attend simplement que la responsabilité des dirigeants soit reconnue. On ne demande pas qu'ils aillent en prison, ça ne servirait absolument à rien, mais seulement que leur responsabilité soit reconnue, précise bien Jean-Claude Barbé, le président de l'antenne de l'ANDEVA à Condé-en-Normandie. C'est important pour les familles. Si on laisse les choses comme elles sont à l'heure actuelle, on donne un permis de tuer aux entreprises".
Cependant, une autre voie pourrait mener les associations au grand procès qu'elles attendent tant, celle de la citation directe. Elle a été initiée par près de 1800 victimes en novembre 2021, et vise 14 personnes. Jusqu'à maintenant, deux audiences ont eu lieu, en juin et en octobre dernier pour fixer le montant des consignations demandées et le calendrier de la procédure. La prochaine audience est prévue le 9 mars 2023.