En Normandie, l'équipe des réfugiés se prépare pour ses troisièmes jeux olympiques

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Créée en 2015 pour les jeux de Rio, l'équipe des réfugiés va participer en 2024 à ses troisièmes olympiades. Les 36 athlètes venus des quatre coins du monde sont arrivés en Normandie pour faire connaissance et se préparer.

La Normandie, terre des jeux ? Si la région n'accueillera aucune compétition de ces 33e olympiades, elle aura pourtant toute sa place dans l'organisation de cet événement. Plus d'une trentaine d'équipes venues de 22 pays différents l'ont choisie comme base arrière ou centre de préparation à l'instar des nageurs canadiens qui ont investi depuis quelques jours le centre nautique de Caen, des judokas ouzbeks à Caudebec-les-Elbeufs ou de l'équipe saoudienne d'athlétisme à Val-de-Reuil.

Mais si on devait dresser un palmarès des villes normandes accueillant le plus de nationalités différentes pour Paris 2024, Bayeux figurerait assurément sur la première marche du podium avec des représentants de pas moins de 15 pays. Et tous font partie de la même équipe.

Une douzaine de disciplines représentées

Farzad Mansouri vient d'Afghanistan. À 22 ans, il est l'un des grands espoirs du Taekwendo. Dorsa Yavarivafa, a vu le jour il y a 21 ans en Iran. La jeune femme tentera de décrocher une médaille en badminton. Dans la même équipe, des sportifs venus du Cameroun, de Syrie ou de l'Érythrée et une douzaine de disciplines représentées, de la boxe au break dance en passant par le cyclisme, la lutte ou le canoë. Une mosaïque de sports et de nationalités sous une même bannière, un cœur encerclé de flèches multicolores. 

L'équipe des réfugiés olympiques a été créée en 2015 pour les JO de Rio. Une dizaine d'athlètes participeront aux compétitions au Brésil. Cinq ans plus tard (en raison de la covid), ils sont près d'une trentaine (29 précisément) à concourir aux JO de Tokyo. Parmi eux, l'Afghane Masomah Ali Zada.

La jeune femme, membre de l'équipe nationale de cyclisme, a dû quitter son pays en 2016 et demander asile en France. En 2024, elle est la cheffe de mission de cette équipe pas comme les autres regroupant 37 sportifs de haut niveau dont le statut de réfugié est reconnu par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. "Cette équipe permet aux athlètes réfugiés de participer aux jeux olympiques et de réaliser leur rêve comme les autres athlètes."

Un parcours incroyable

À quelques jours de l'ouverture du village olympique à Paris, ces sportifs venus du monde entier vont pouvoir durant quelques jours s'entraîner sur les équipements et infrastructures mises à leur disposition par la ville de Bayeux. "Ce sont des athlètes de grandes performances, qui ont un parcours incroyable, une ténacité de par leur parcours qui est aussi incroyable", salue Arnaud Tanquerel, premier adjoint au maire en charge des sports et de l'environnement.

"La symbolique des réfugiés nous tenait aussi à cœur. Ici, à Bayeux, c’est l’entrée de plages du débarquement, on a vécu cette année les commémorations du Débarquement, on a connu ici le rationnement, le manque de nourriture, le manque de liberté il y a 80 ans. C’est aussi tout ce que le CIO voulait raconter à ces athlètes qui viennent des quatre coins du monde avec comme fardeau leur histoire et la difficulté de pratiquer leur sport."

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Créée en 2015 pour les jeux de Rio, l'équipe des réfugiés va participer en 2024 à ses troisièmes olympiades. Les 36 athlètes venus des quatre coins du monde sont arrivés en Normandie pour faire connaissance et se préparer. ©A.Misery/ C.Perriaud

Avant même le coup d'envoi des compétitions, ces sportifs ont déjà remporté une victoire. "Tous ces athlètes ont une histoire à raconter et tous ont une histoire résiliente. Ils ont tous quitté leur pays et ont dû recommencer leur vie à zéro. Ce n’est pas simple. On a une famille qui est toujours dans le pays. Quand on arrive dans un autre pays, tout est nouveau, on doit apprendre la langue, suivre une formation pour poursuivre ses études, poursuivre le sport. Tout ça, c’est une histoire de résilience", confie Masomah Ali Zada, qui étudie aujourd'hui le génie civil à l'université de Lille.

"Le sport permet de garder l’espoir et d'avancer", estime la cycliste qui participa en 2021 aux JO de Tokyo avec l'équipe des réfugiés. 

S'ouvrir un peu plus au monde

Autre vertu de la pratique sportive, selon le jeune femme, l'ouverture aux autres, à plus forte raison quand on est déraciné. "J’ai déjà joué au badminton avec les femmes réfugiées dans le cadre d'un programme permettant aux réfugiés de pratiquer le sport à tous les niveaux. J’ai constaté que le sport permettait à ces femmes d’oublier leurs problèmes pendant un moment, de jouer et communiquer avec les autres réfugiés, de partager, de se rencontrer. Le sport permet de sortir un peu de notre bulle et de s’ouvrir un peu plus au monde."

Si tous ont en commun la passion du sport, chacun arrive en Normandie avec son histoire sans connaître celle de l'autre. "L’objectif de ces quatre jours, c'est de créer une team building, développer un esprit d’équipe. Ils arrivent des quatre coins du monde, ne se connaissent pas forcément si ce n’est par des temps de visio que le CIO leur a octroyés. Pour eux, il s’agit de s'acclimater et de créer du lien", explique Arnaud Tanqurel, premier adjoint au maire de Bayeux.

C'est pourquoi, outre les sessions d'entraînement, des activités en groupe sont organisées, comme la découverte du littoral normand, pour permettre à ces 37 sportifs de faire connaissance. À Paris, ils représenteront les plus de 100 millions de réfugiés recensés dans le monde.

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