Comment occuper les bambins pendant les vacances d’été ? En colo ou en famille, les parents s’interrogent, dans le contexte sanitaire. Pour la psychologue Annie Vigneron, les enfants ont besoin d’avoir des liens avec leurs pairs et de ne pas vivre reclus dans le cocon familial.
Quelques jours sans papa et maman, des parties de rigolade avec des copains et des activités en plein air. Pour certains enfants, vacances d’été riment avec colo. Cela tombe bien, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 28 mai 2020 la réouverture des colonies de vacances, à partir du 22 juin. Malgré le déconfinement, certains parents restent frileux à l’idée d’envoyer leur bout de chou loin de la maison.
« Les enfants ont besoin d’être reconnus par leurs pairs et de s’identifier à eux, afin de faire partie du groupe », Annie Vigneron, Docteur en psychologie
Besoin de se construire avec le collectif
Surprotéger ses petits. C’est le réflexe de certains pères ou mères poules. Mais cela n’a pas que du bon. La Docteur en psychologie Annie Vigneron accompagne des enfants dans le milieu scolaire de 3 à 12 ans, depuis une dizaine d’années. « Les enfants ont besoin d’être reconnus par leurs pairs et de s’identifier à eux, afin de faire partie du groupe », indique cette spécialiste. Pour elle, les colonies de vacances et les centres de loisirs « sont vraiment favorables aux enfants », surtout dans le contexte actuel.« L’enfant doit apprendre à ne pas considérer l’autre comme une menace pour sa santé et le monde extérieur comme hostile et dangereux », Annie Vigneron, Docteur en psychologie
Les enfants qui ne retournent pas à l’école ou qui passeront les vacances d’été au sein du cocon familial, « risquent de vivre en permanence dans la crainte » et « d’avoir du mal à se fondre dans le groupe », souligne Annie Vigneron. Selon la psychologue, « la collectivité est un plus ».
Elle recommande aux familles de permettre aux enfants de rencontrer des personnes extérieures au cercle familial très rapproché. « L’enfant doit apprendre à ne pas considérer l’autre comme une menace pour sa santé et le monde extérieur comme hostile et dangereux », explique la Docteur.
Axelle a 9 ans. Et comme tous les étés, la petite Normande est inscrite en colo. Crise sanitaire ou pas, pas question d’annuler la semaine d’équitation du mois de juillet avec sa meilleure amie. « Nos mômes ont besoin d’être socialisés autant que nous », reconnaît la mère de la petite fille, Emmanuelle Amsellem. Elle ajoute : « Axelle ne s'interroge même pas, la colo ça sera l’éclate totale comme les autres années ».
« Faire confiance aux structures organisatrices »
Depuis la réouverture des écoles, la psychologue Annie Vigneron intervient en maternelle et en primaire, dans le secteur de Bayeux (14). Elle constate que les élèves ont intégré les gestes barrières et les règles de distanciation physique. « J’ai été agréablement surprise de voir que les enfants se sont bien adaptés », s’étonne la psychologue scolaire.« Axelle a déjà intégré un certain nombre de gestes et de règles à l’école », remarque rassurée Emmanuelle Amsellem avant de préciser : « je fais confiance aux structures organisatrices des colonies de vacances ».
Les organismes d’accueil assurent qu’ils prendront les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité sanitaire des jeunes gens. Comment transporter les enfants ? Combien seront-ils par chambre ou par tente ? Les questions sont encore nombreuses.
A Vitot dans l’Eure, l’association Les Colonies de Normandie propose des séjours multi-activités pendant l’été. La structure attend désormais la communication d’un protocole sanitaire à respecter. Même chose pour La Prairie à Caen. Ce centre d’animation prendra « le maximum de précautions », indique sa directrice Sophie Cheron. Elle précise : « mais nous voulons accueillir les enfants dans un univers de loisirs et non pas un univers aseptisé ». L’objectif ? « Donner du peps au quotidien des enfants », lance la responsable du centre.
L’inventivité des animateurs
« L’accueil doit aussi être rassurant et positif pour les parents et les enfants », insiste la psychologue Annie Vigneron. L’association Wakanga organise des séjours en Bretagne, en Ile-de-France et en Normandie. La présidente Mélissa Peron a bien conscience du caractère angoissant lié à l'épidémie. Elle prévoit de rassurer les familles en envoyant un courrier en amont au sujet des mesures sanitaires et de les accueillir sur place.Côté activités, les animateurs redoubleront de créativité. Exit les jeux de contact. Les activités sportives, les chasses au trésor, les jeux de cache-cache et les activités manuelles seront revisités pour permettre aux enfants de s’amuser.
Axelle montera à cheval (presque) comme tous les étés. Dans sa valise, un flacon de gel hydro-alcoolique en plus et son jeu de cartes et de mikado en moins. « Vivre avec les copains, loin des parents : c'est le bonheur », reconnaît sa maman.