Alain Raharinjatovo, un Caennais de 27 ans, né sans bras ni jambes, s'est promis de conduire sa propre voiture avant d'avoir 30 ans. Mais l'achat d'un véhicule adapté coûte 100 000 euros. La somme étant au-dessus dessus de ses moyens, il a lancé une cagnotte solidaire. L'occasion de sensibiliser à la problématique de la mobilité des personnes en fauteuil.
Alain Raharinjatovo, 27 ans, vit à Caen. Il est capitaine de l'équipe caennaise de foot en fauteuil et a été classé aux championnats de France de sarbacane. Atteint d'une agénésie des quatre membres, une malformation congénitale, il est né sans bras, ni jambes.
Pour autant, le jeune normand veut, le plus possible, être "pleinement autonome". "C'est pas mon genre de réclamer, j'essaie de vivre par mes propres moyens", témoigne-t-il. En 2017, âgé de 21 ans, il passe donc le permis de conduire dans un centre adapté. "Je voulais ne pas me poser de limites liées aux transports, je voulais pouvoir voyager par moi-même".
Ce désir est resté intact. Pourtant, à ce jour, Alain Raharinjatovo patiente encore pour prendre le volant. La raison en est simple : l'achat d'un véhicule adapté à son handicap coûte 100 000 euros. "C'est au-dessus de mes moyens", avance-t-il. "Pour la plupart des gens, passer le permis, c'est le plus compliqué. Moi, je l'ai fait en un seul mois. C'est ensuite que les difficultés arrivent", raconte le Normand.
Conduire avant ses trente ans
Alain s'est fait la promesse de conduire avant ses trente ans. À 27 ans, "c'est encore possible", assure-t-il. Depuis 2019, il a ouvert une cagnotte en ligne pour l'aider à financer sa voiture. "Je crois beaucoup en la solidarité", sourit-il. 1 777 euros ont déjà été récoltés, principalement de la part de ses proches.
C'est fatigant de devoir changer d'itinéraire parce que les bus ne sont pas dotés d'une rampe d'accès.
Alain Raharinjatovo
Ce mois d'avril, le jeune homme a lancé une campagne pour sensibiliser à sa cause, en distribuant des tracts dans des commerces caennais. "La visibilité, c'est le nerf de la guerre", fait-il valoir. L'argumentaire est solide : "J'ai besoin d'un véhicule à aménager, mais ça coûte un bras", affiche son tract, ironique.
"Une Twingo achetée sur le bon coin ne suffira pas", détaille Alain. "Il faut quelque chose d'assez volumineux, comme un combi, pour que je puisse rentrer par l'arrière avec mon fauteuil". Le véhicule devra aussi être équipé d'une rampe pour faire monter le fauteuil. Le système de conduite adapté, qui concentre toutes les commandes autour du volant, doit compléter le tout. C'est le total cumulé de ces aménagements qui coûte la rondelette somme de 100 000 euros.
La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ne peut lui accorder une aide qu'à hauteur de 10 000 euros. "La plupart des aides exceptionnelles qu'on peut demander sont accordées à des associations", explique Alain. Mais lui ne fait pas partie d'une association susceptible de recevoir des dons.
"C'est fatigant"
"Je veux aussi sensibiliser", avance le vingtenaire. Car les transports publics ne sont pas tous accessibles, ce qui gêne l'autonomie des personnes à mobilité réduite, dénonce-t-il. "C'est fatigant de devoir changer d'itinéraire parce que les bus ne sont pas dotés d'une rampe d'accès, ou de se voir refuser l'accès au bus par un chauffeur qui ne sait pas utiliser la rampe. Ce sont des détails du quotidien qui sont épuisants, voire révoltants", lance le jeune homme.
Depuis 2021, Alain se consacre à temps plein à ses activités handisport. Mais, pour se rendre aux entraînements, il doit se faire conduire par un proche ou faire appel à un service de transport réservé aux personnes à mobilité réduite, proposé par l'agglomération caennaise. L'aide est précieuse, "mais il faut parfois réserver son transport une semaine à l'avance". Pour l'instant, il s'y plie, avec l'espoir que sa cagnotte changera peut-être bientôt la donne.
Retrouvez la cagnotte d'Alain Raharinjatovo sur le site Leetchi.