Le projet de halle gourmande sur l'ancien parking de la place de la République suscite des oppositions. Xavier Le Coutour, candidat aux prochaines municipales, a déposé plusieurs recours en justice et entend bien en faire un sujet de campagne.
Après la mise en service du nouveau tramway l'été dernier, Joël Bruneau inaugurait au mois de novembre les aménagements de la place de la République, clôturant ainsi une période de près de deux ans qui avait fait de la ville un vaste chantier. Un aboutissement pour le maire qui en avait fait l'un des grands projets de son premier mandat à la tête de Caen. Mais la célébration prit rapidement l'eau. En raison de la météo mais aussi de la présence de plusieurs manifestants opposés au second chantier programmé sur la place.
Ce second projet, c'est l'implantation d'une "halle gourmande" sur l'ancien parking extérieur de la place de la République, un projet qui figurait au programme du candidat Joël Bruneau en 2014 et qui fut dévoilé en 2016.
"Un projet monstrueux", juge Xavier Le Coutour, du mouvement Citoyen à Caen, allié aux écologistes pour les prochaines élections, "parce qu'il traite la ville comme une vulgaire marchandise." L'élu municipal d'opposition vient d'essuyer un nouveau revers dans son combat judiciaire contre le "projet République": ses deux recours ont été rejetés par la cour d'appel administrative de Nantes. "Je porte le débat devant le Conseil d'Etat parce que je pense que l'enjeu le mérite."
"Une tromperie politique"
Sur un plan juridique, le combat porte sur la modification du plan local d'urbanisme pour rendre le terrain constructible. "L'avis des Caennais, les études d'impact auraient été nécessaires pour qu'on mesure bien toutes les conséquences du changement de statut de ce terrain. Il y a eu une tromperie des Caennais, une tromperie politique en passant cette mesure parmi une vingtaine d'autres", affirme Xavier Le Coutour.Au-delà de ce point technique, c'est le projet en lui-même qui suscite la colère du co-listier de Rudy L'Orphelin, "un projet de centre commercial avec quatre étages de parking en sous-sol qui vont faire venir des voitures et qui abat un ensemble de cinquante arbres en centre-ville alors que tout le monde dit actuellement qu'il faut préserver la nature en centre-ville avec les îlots de chaleur".
"Un arbre n'a pas vocation à pousser dans un univers de goudron"
Manifestations, pétititon : la mobilisation contre l'abattage des 49 tilleuls plantés après guerre constitue la partie la plus visible de la contestation du "projet République". Pris à partie sur ce sujet en novembre dernier lors de l'inauguration des nouveaux manéagements urbains, le maire se défend. "Les arbres qui sont aujourd'hui présents sur le parking, dont personne, entre nous, ne parlait avant que ce projet ne se développe, poussaient dans du goudron. Nous les transplanterons dans d'autres espaces de la ville où ils trouveront un lieu d'expression naturelle un peu meilleur parce qu'un arbre sa vocation ce n'est pas de pousser dans un univers de goudron et de parcmètres."Joël Bruneau estime même que le projet République dans sa philosophie - "un lieu qui offrira un certain nombre de services qu'on ne trouve pas aujourd'hui à Caen" - revêt une dimension environnementale. "Quand on parle d'écologie, il faut aussi penser au bilan global. Le bilan des allers-retours incessants entre le centre-ville et l'extérieur n'est pas bon. Eviter cet étalement urbain, c'est l'un des objectifs de ce projet", affirme le maire, candidat à un second mandat.
Le retour d'un cinéma en centre-ville ?
Si son adversaire, Xavier Le Coutour se demande à voix haute si "ce projet de centre commercial fait partie des objectifs politiques de Joël Bruneau en tant que candidat à l'élection municipale pour les prochaines années et les décennies à venir ?", l'intéressé semble convaincu de l'intérêt de ce qu'il préfère appeler "un lieu de vie parce qu'il accueillera également des expositions et que nous avons travaillé avec les porteurs du projet pour qu'il accueille également une offre de cinéma de centre-ville qui nous manque cruellement depuis la fermeture du Pathé."Le maire LR de Caen y voit aussi un facteur d'attractivité pour la ville. "Caen a une vocation qui dépasse celle d'une petite ville, elle a vocation d'être aussi le lieu vers lequel vont demain venir des gens qui habitent à l'extérieur, qui vont sans doute encore fréquenter beaucoup les centres commerciaux et que nous souhaitons aussi accueillir à Caen. C'est ça la vocation d'une ville qui doit rayonner sur au moins tout l'ouest de la Normandie voire plus."