A la CAF du Calvados, "à force de presser, presser le citron, les gens sont au bord de craquer"

Depuis le 7 mars, à Caen, les agents de la Caisse d'allocation familiale sont invités à faire grève une heure chaque jour. La prime d'activité "Macron" a entraîné une surcharge de travail importante, selon les agents, qui déplorent une baisses des moyens ces dernières années. 

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Ils étaient une cinquantaine ce mardi matin devant le siège de la Caisse d'allocation familiale, avenue du 6 juin à Caen, à exprimer leur colère et leur désarroi. Depuis jeudi dernier, les agents de la CAF du Calavdos et de toute la France sont invités, par l'intersyndicale FO - CGT - CFTC, à cesser le travail entre 10 heures et 10 heures 55 pour dénoncer des conditions de travail "devenues insoutenables". C'est une mesure annoncée le 10 décembre dernier pour rétablir la paix sociale qui a mis le feu aux poudres.

Un mois encirons après le début du mouvement des gilets jaunes, le président de la République déclare que "le salaire d'un travailleur au SMIC augmentera de 100 euros par mois en 2019." Cette mesure repose une deux augmentations: celle du SMIC, pour une petite partie, et celle de la prime d'activité, une prime élargie aux personnes gagnant jusqu’à 1 787 euros par mois.
 

"10 à 12 000 bénéficiaires en plus"

Or, cette prime est une prestation sociale dont le traitement incombe à la Caisse d'allocation familiale. "On s'est retrouvé avec 10 à 12 000 bénéficiaires en plus dans le Calvados", explique Christophe Bournat, technicien à la CAF. "Depuis le 2 janvier, ça ne désemplissait pas dans le hall, on n'avait pas assez d'effectifs", raconte sa collègue, Isabelle Devinas,"Il a fallu que des cadres de service viennent nous aider." Selon elle, la prime d'activité n'a été qu'une goutte d'eau. Mais c'est celle qui a fait déborder le vase. "C'est pas la prime "Macron" qui fait qu'on en est là aujourd'hui, c'est que notre situation est catastrophique."

Car selon les techniciens de la CAF et leurs représentants, cette surcharge de travail intervient dans un contexte de sous-effectif. "On a perdu 25 postes sur les trois années précédentes et ce mouvement continue: on est presque au double de postes à rendre sur les trois années à venir", déplore Claude Inizan, CGT, "à force de presser, presser le citron, les gens sont au bord de craquer", et de souligner "une multiplication des petits arrets de travail" au sein de l'établissement.
 

Une complexification à tous les étages

Tout comme ses collègues, il estime que le recours aux CDD, insuffisamment formés, n'est pas la solution. "Il y a une complexification des situations des personnes et une complexification des dossiers et de la législation qui font que ce n'est pas que le phénomène de volume (ndlr: qui pose problème) mais c'est aussi la charge liée à toutes les erreurs produites qui repassent les dossiers dans la machine."

Chez les personnels, cette surcharge est préjudiciable pour le public. "Nous, on voit le délai de traitement des dossiers. On veut que les allocataires aient leurs droits et tout de suite", affirme Isabelle Devinas, qui regrette que "le rapport humain se détériore: on limite les accueils, il n'y a plus que deux deux accueils sur rendez-vous par semaine." Selon l'intersyndicale, la situation ne devrait pas s'améliorer dans les prochains mois. Elle redoute même une aggravation avec la réforme des aides au logement qui doit s'appliquer cet été. 



 
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