Une "marche pacifique" doit réunir des pêcheurs normands et bretons le samedi 19 juin à Caen pour protester contre les projets offshore le long du littoral français. "L'industrie éolienne dans nos zones de pêche compromet sérieusement l’avenir de la pêche artisanale".
Le mouvement de contestation gagne la Normandie. Au mois de mai, deux manifestations avaient été organisées en Baie de Saint-Brieuc, l'une en mer, l'autre à terre. Cette fois, c'est à Caen que des pêcheurs ont prévu de se rassembler afin de protester contre l'aménagement de parcs éoliens géants sur le littoral. "La mayonnaise prend", assure un organisateur.
"Sans être opposés à la transition énergétique, les acteurs de la pêche artisanale pensent unanimement que les parcs éoliens offshores condamneront les communautés de pêcheurs inféodées aux zones côtières", écrivent les organisateurs dans un communiqué écrit par des artisans pêcheurs. Ils estiment que l'implantation d'éoliennes constituerait un nouveau coup dur après le Brexit "qui restreint nos zones de pêches et nos quotas", et le réchauffement climatique "qui limite nos jours de mer et modifie l’aire de répartition de certaines espèces".
"Ce qui pouvait encore être acceptable il y a dix ans ne l'est plus aujourd'hui", explique Jean-Baptiste Houchard, un des pêcheurs qui appelle à manifester. "Après la création du premier parc éolien à Brighton, on a constaté d'importants déplacements de flotilles. D'ailleurs, je pense que l'arrivée des gros bateaux néerlandais en Manche est liée à la prolifération des parcs éoliens en mer du Nord. A chaque fois, on constate un déplacement de l'effort de pêche sur des zones qui n'étaient jusqu'ici pas si exploitées".
En Baie de Seine, un parc de 64 éoliennes hautes "de presque 200 mètres" doit sortir de l'eau. Les travaux préparatoires ont commencé à terre. Les organisateurs de la manifestation pensent que ces machines "conduiront à la destruction d’habitats marins et de leurs ressources sur une surface bien plus étendue que celle du parc."
Quelques pêcheurs bretons ont fait le déplacement pour se joindre à la manifestation. Une délégation des Hauts de France est également attendue pour participer à ce qui doit être "une marche pacifique". Des associations anti-éoliennes et des chasseurs ont aussi annoncé leur présence. "Ça se passera calmement, j'en suis certain, avance Jean-Baptiste Houchard. Mais j'espère que les décideurs sauront en tenir compte. Si les travaux devaient débuter en baie de Seine, une manifesation en mer, ce serait autre chose...."