Vous prenez le train depuis Cherbourg, Le Havre ou Rouen pour Paris ? Imaginez votre voyage reproduit à l'échelle 1/87e, soit 87 fois plus petit qu'en vrai. C'est le projet de Jean-Armel et de Violaine Dujardin, amoureux de la Normandie et du modélisme ferroviaire.
D'un côté, une locomotive qui tracte un train Corail Intercités qui fonce vers la Normandie. De l'autre, un bus et des voitures, pleins phares, pris dans la circulation parisienne. Pendant ce temps, un train de banlieue rejoint lentement son terminus.
Nous sommes bien sur la ligne Paris-Caen (ou Rouen, Le Havre, Cherbourg, à vous de choisir)... à une précision près. Il s'agit du projet Normandie Miniature : une reproduction miniature des trains qui circulent sur la ligne, mais aussi du paysage qui le entoure. Bâtiments, voies, ambiance, tout est reproduit dans le moindre détail. À l'échelle 1/87e, un format très répandu parmi les adeptes des "petits trains".
Violaine et Jean-Armel Dujardin exposent cette première maquette à la mairie du 17e arrondissement de Paris. Il s'agit de la "tranchée des Batignolles". Un prélude, avant de reproduire bientôt plusieurs scènes et monuments emblématiques de Normandie que vous pouvez observer en train sur cette ligne.
Première scène pour un gros projet
Pour remonter aux origines, retour en 2020. Jean-Armel se lance alors seul dans la construction de cette première scène. "C'est une idée que j'ai eue, il y a plusieurs années. Elle a exigé 3 000 à 3 500 heures de travail, et elle occupe 1,5 m². Il a fallu passer du temps, par exemple pour pâtiner les machines et les voitures, et pousser le réalisme", se souvient-il.
Un avant-goût qui a nécessité au moins "5 000 à 6 000 euros, sans compter ces heures de travail". Lui et sa femme ne se sont pas lancés à l'aveugle, dans ce projet. Il a d'abord convaincu les membres "d'un jury de projets innovants", avant de s'entourer d'un comité d'experts, notamment pour les aspects "financiers, menuiserie et pour le dessin".
Plusieurs raisons expliquent ce choix de reproduire cette ligne, et en particulier la partie future en Normandie. "J'y ai des attaches depuis ma naissance. C'est aussi mon lieu de vacances et l'endroit où j'ai rencontré ma femme. Sans compter que ma fille aînée est née à Avranches, dans la Manche", commence Jean-Armel. La volonté aussi de montrer le territoire sous ses faces "culturelles, touristiques, économiques et écologiques".
Il faut aussi ajouter à cela une passion pour le modélisme. Jean-Armel concède "être tombé dedans vraiment enfant". Quelques inspirations au cours de visites dans des parcs consacrés à cet univers ont fait le reste : "L'univers Miniworld à Lyon, qui a été primé site emblématique en 2022 de la région Rhône-Alpes, mais aussi le Miniature Wunderland de Hambourg, l'attraction la plus visitée en Allemagne."
La Normandie pièce-maîtresse du projet
Les projets ne manquent pas : "Le Mont-Saint-Michel, les plages du Débarquement vont être reproduits. Il faut mettre en valeur le patrimoine de Normandie connu, mais aussi moins connu." En revanche, impossible de savoir pour le moment quelle partie de département sera reproduite en premier. "Rien n'est figé, on ne sait pas si on commence par le Calvados, la Manche, l'Orne, l'Eure ou la Seine-Maritime. Le but est de mettre en valeur toute la Normandie", précise Jean-Armel Dujardin.
Le projet Normandie Miniature, une fois complété et abouti, sera exposé sur 300m². Ces passionnés de la région et du train miniature voient déjà plus loin : un parc d'intérieur, mais aussi montrer les coulisses du projet. "L'idée est aussi de rendre visitable un chantier, pour montrer comment se fait une maquette. Il y a aussi un côté pédagogie, puisque cela ferait découvrir les métiers de la menuiserie, de l'électricité et de l'électronique, ou d'autres moins connus avec l'impression en 3D et le dessin assisté par ordinateur", détaille Jean-Armel.
Pour l'heure, si la maquette est actuellement à Paris, les Normands pourront la découvrir très bientôt. "Il va y avoir une tournée normande et une exposition, qui débute dès le 30 novembre et jusqu'au 6 janvier, au CIT du Mont-Saint-Michel", ajoute-t-il. Une première date, en attendant d'autres événements dans les autres départements et des sites emblématiques de la région.
Dans l'intervalle, Jean-Armel et Violaine poursuivent la phase de recherche de financements. Le projet en est à "sa jeunesse" : "Il y a des discussions pour trouver une communauté d'agglomération avec qui travailler dessus." À noter que les Normands, mais pas que, ou tous les autres férus de la région ou du modélisme peuvent participer à la cagnotte mise en place. Objectif : "faire voyager le savoir-faire relatif à ce projet, dans la région".