Départ de feu, cars de CRS... Le nouveau bac commence dans un climat de tension à Caen

Les nouvelles épreuves de contrôle continu du bac ont bien du mal à convaincre. Pour la seconde semaine consécutive, les mouvements de protestation se multiplient en Normandie, que ce soit par des lycéens ou des professeurs. Ce jeudi, la colère est même montée d'un cran.

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Pas facile de passer son bac dans ses conditions. 
Et pourtant, ces examens prévus par la réforme, et répartis en trois sessions sur les années de Première et Terminale comptent pour 30% de la note finale.

Depuis 2 semaines, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) du baccalauréat sont perturbées un peu partout en Normandie, comme mardi encore à Cherbourg.

D'abord ce sont les professeurs qui ont déclaré être déterminés à empêcher la tenue des épreuves anticipées, car leurs "élèves ne sont pas prêts, angoissés et stressés par ce contrôle continu qu'on a présenté comme une mesure pour les aider mais qui introduit un bachotage dès le début de la Première alors qu'avant il était limité à la Terminale", comme nous l'avait alors affirmé Raphaëlle Mounier, professeur d'Histoire-Géographie au lycée Jean Rostand de Caen.
 
Blocage par les élèves, grève de la surveillance des épreuves, les actions se sont multipliés. Parfois même de façon symboliques comme ces professeurs allongés devant un lycée à Grand-Quevilly, ou ce message de défiance brandit par des professeurs du lycée Tocqueville de Cherbourg mardi.

Résultat, des épreuves annulées comme à Louviers, la semaine dernière.
 

La situation s'envenime : un départ de feu à Caen

Ce jeudi, au lycée Malherbe de Caen, des lycéens ont fait brûler des énoncés de sujet de bac dans la cour jeudi, selon un lycéen.

Selon le rectorat de Caen, il y a eu "un départ de feu" par "une vingtaine" d'élèves "au milieu de la cour" mais "en aucun cas il ne s'agit de copies" des épreuves. Il s'agirait de "brouillons", a ajouté le rectorat, en soulignant que les épreuves se sont bien déroulées, toutes les copies ayant été
rendues. "Les élèves identifiés comme responsables de ce feu s'exposent à des sanctions."

Ce vendredi matin, manifestation pacifique au lycée Fresnel de Caen. En off, les professeurs se sont montrés inquiets des évènements de la veille au lycée Malherbe.

  

Des cars de CRS, des entrées bloquées... c'est la guerre civile au lycée !


Jointe ce matin par notre rédaction, une mère d'élève s'est révoltée contre ce qui s'est passé hier. "3 camions de CRS dès 6h du matin étaient là pour filter devant l'entrée principale. C'est la guerre civile. Les enfants étaient cadenessés car les autres portes de sorties ont été verrouillées, avec l'alarme incendie éteinte. S'il s'était passé quelquechose de grave, si l'incendie avait pris de l'ampleur, le mouvement de panique aurait pû provoquer une catastrophe."

Une quinzaine d'élèves auraient en outre été convoqués mardi par le chef d'établissement pour s'expliquer suite aux récents blocages.

Le rectorat dement la mise en danger des élèves. "Seule l'alarme du batiment, où les contrôles continus ont eut lieu, a été mise en sourdine, mais des personnels étaient là, prêts à ouvrir des portes en cas d'incident. Il fallait absolument qu'on évite les intrusions et les déclanchements intempestifs de l'alarme incendie pour que ces épreuves du bac se passent sereinement", répond Brigitte Lacoste, directrice de cabinet.

Pour la sérénité, c'est un peu raté vu le contexte actuel.
Le rectorat regrette en outre l'attitude de certains. "Les professeurs sont soumis à un devoir de réserve et d'exemplarité... Là, certains influencent des élèves à manifester."

 

Nous condamnons toutes les formes de violence d'où qu'elles viennent, mais aussi le silence du ministre qui joue le pourrissement.


Caen n'est pas le seul endroit qui s'enflamme. Début d'incendie à Rennes aussi hier, où les pompiers ont dû intervenir. "L'entrée principale" a été bloquée par "environ 200 manifestants, dont certains ont pénétré à l'intérieur et ont mis le feu aux locaux", a indiqué à l'AFP la préfecture de la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Mais les 350 élèves qui devaient composer au lycée Victor et Hélène Basch jeudi matin "ont pu le faire grâce à la sécurisation d'une entrée" par les forces de l'ordre,  
Selon le syndicat SNES-FSU, ce ne sont pas des élèves du lycée qui ont fait partir le feu, qui s'est produit dans un bâtiment où il n'y avait pas d'élèves. "Nous condamnons toutes les formes de violence d'où qu'elles viennent, mais aussi le silence du ministre qui joue le pourrissement. D'autres lycées vont rentrer dans la mobilisation la semaine prochaine", a réagi Gwénaël Le Paih, secrétaire académique du SNES-FSU Bretagne. 

Dans un communiqué, les enseignants se sont dit "totalement atterrés par l'acharnement de l'institution à vouloir maintenir coûte que coûte" les épreuves "dans des conditions indignes, voire irrégulières au regard des modalités douteuses de surveillance".
Condamnant des "actes d'intrusion et de dégradation graves", le rectorat de l'académie de Rennes a annoncé le dépôt d'une plainte et le report de l'épreuve de vendredi "en raison des menaces de perturbation".
 

Lycée fermé, épreuves reportées

Dans le centre de Nantes, le lycée Guist'hau, où sont scolarisés 1.140 lycéens, a été fermé pour la journée de jeudi et les épreuves reportées
après un blocage dans la matinée, a indiqué le rectorat. 
"Des éléments non identifiés, cagoulés, ont mis un amas de poubelles devant les trois entrées en bois et y ont mis le feu", a expliqué le rectorat. Selon lui, ce lycée a été le seul perturbé sur les 41 établissements de l'académie où étaient organisés des épreuves du nouveau bac jeudi.

Selon la police, le lycée Guist'hau a été bloqué par "une centaine d'étudiants".
A la demande du chef d'établissement, les forces de l'ordre sont intervenues à partir de 9h45 et sont restées sur place jusqu'en début d'après-midi. Elles ont notamment fait usage "jet lacrymogène suite à des jets de projectiles", précise la police.

Les premières épreuves communes de contrôle continu (E3C) doivent s'étaler sur un mois et demi en fonction des lycées. Elles portent sur l'histoire-géographie, les langues vivantes ainsi que sur les mathématiques pour les élèves de la voie technologique. 
 
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