Sa comédie tourne habilement en dérision les clichés de la représentation des Noirs. Cet "enfant de la République" qui a grandi près de Caen se dit fier de son identité "normande". Sa voix trouve un écho particulier avec l'actualité à l'heure où le pays fête sa devise Liberté-Egalité-Fraternité,
"Je m'appelle Jean-Pascal, j'ai 38 ans et je suis en colère". Le sentiment d'injustice qui s'exprime dans les cortèges des manifestations anti-racistes est aussi le carburant de la comédie Tout simplement noir. Dans la bande annonce, Jean-Pascal poursuit : "Je suis en colère parce que la situation des Noirs dans ce pays est catastrophique". Le film raconte l'histoire d'un comédien raté qui veut organiser une marche contre le racisme, parce que "l'homme blanc doit comprendre que le Y'a bon Banania, c'est fini !"
©France 3 Normandie
Dans cette comédie inspirée, Jean-Pascal Zadi tourne en dérision les communautarismes et les idées reçues sur les Noirs. Le réalisateur a pris le rsique de rire avec un sujet qui engendre bien des tensions. Dans un entretien accordé au Monde, il assume : "L’humour, dans ma vie, m’a permis de me sortir de beaucoup de situations. Je ne voyais pas comment parler autrement de l’identité noire française, et questionner aussi le communautarisme."
"Le Noir français n'est pas uniforme. Il ne vient pas obligatoirement de banlieue. Il y a des Noirs qui vivent dans la campagne. Il y a des Noirs qui vivent en Corse. Il y a des Noirs qui vivent en Normandie." Jean-Pascal Zadi est né en région parisienne de parents ivoiriens mais il a grandi à Ifs, près de Caen. "Le fait de dire que je viens de Normandie, c'est une manière de déconstruire le Noir tel que certaines personnes peuvent le concevoir". Dans les colonnes du Monde, il ajoutait : "je crois que le film fait un sort à la notion de communautarisme noir. Je suis Noir, Fary est Noir, Fabrice Eboué est Noir, on n’a rien en commun."
Il tire peut-être son sens de la répartie, son regard décalé de sa jeunesse passée dans ce département du Calvados qu'il avait rebaptisé le "Mississipi 14" . Il y a connu le racisme "de la maternelle jusqu'à l'âge de trente ans".
Il s'est rêvé footballeur comme beaucoup d'ados de son âge mais c'est le rap qui l'a d'abord révélé. Jean-Pascal est un dribbleur iconoclaste qui prend l'air du temps à contrepied. Avec le groupe caennais La Cellule, le gaillard dézinguait les postures victimaires qui font normalement des tubes : "C'est pas la cité qui fait l'homme. Y'a rien d'hardcore à être foncedé toute la journée. T'es encore en vie Négro. La vie peut tourner".En maternelle, quand je suis arrivé en Normandie, il fallait se tenir la main deux par deux avant d'entrer dans la classe. Je me rappelle que souvent, personne ne voulait me donner la main parce que j'étais noir.
Jean-Pascal Zadi est ensuite "monté" à Paris. Il s'est brièvement inscrit au cours Simon. "Comme on préparait une pièce, j’ai dit que je voulais jouer Louis XIV. Le prof m’a regardé dans les yeux et m’a dit que ce serait pas crédible. Je ne suis plus jamais revenu", raconte-t-il dans l'Obs. En as de la débrouille, il a réalisé des clips avant de se lancer dans la réalisation de films. Tout simplement noir, qui est sorti le 8 juillet, est son quatrième long-métrage.
Le jeune cinéaste fait aujourd'hui son miel des questions relatives à l'identité. Il n'oublie pas ses propres racines. N'en deplaise à certains, elles sont normandes. Dans un grand sourire, Jean-Pascal passe aux aveux : "quand je parle de l'histoire de France et que je raconte des trucs que les gens ne connaissent pas sur la Tapisserie de Bayeux, le château de Guillaume le Conquérant, les plages de Ouistreham, je sais que je suis un p... de Normand de ouf ".