Alors que l'enquête continue, une semaine après la violente agression au couteau d'une professeure de français du lycée Malherbe, le monde éducatif reste sous le choc. Des marques de soutien ont été observées, le ministre de l'Education viendra vendredi.
Ils ont tenu à afficher leur soutien en grand, en majuscule, pour que tout le monde puisse lire leur message depuis la rue : "A Malherbe, tous contre la violence, tous avec toi", entouré de deux cœurs.
Une semaine jour pour jour après la violente agression d'une professeure de français au lycée Malherbe de Caen, ses collègues ont voulu marquer les esprits, montrer qu'ils restaient mobilisés. Un hommage lui a d'ailleurs rendu ce midi, avec un texte lu par le proviseur, avant des applaudissements pour la victime. Un moment important pour plusieurs lycéens.
Le proviseur nous a dit qu'il ne fallait pas que la noirceur gagne le lycée Malherbe. La violence ne doit pas prendre le pouvoir sur place. Il faut essayer de revenir à une vie normale avec de la légèreté et de l'insouciance.
Cette manifestation, à l'initiative des enseignants et des élèves, a rassemblé également tout le personnel administratif du lycée. Elle se voulait très symbolique.
Faut montrer que les lycéens sont soudés, et que c'est juste un cas isolé, qu'on est dans un lycée avec des élèves normaux. C'est dans des périodes comme ça qu'il faut se souder et rester collectif. C'est très bien de se rassembler comme ça pour rendre hommage à la professeure.
GauthierElève en 1ère au lycée Malherbe de Caen
Nous, ça nous a touché les lycéens quand même. On est en première et on n'a pas connu ça quand on était en seconde.
SashaElève en 1ère au lycée Malherbe de Caen
Y'a beaucoup de personnes qui en parlent encore, mais après je ne sais pas si ça leur fait du bien, je ne sais pas si il y a beaucoup d'élèves qui sont allés à la cellule psychologique
LisaElève en 1ère au lycée Malherbe de Caen
Le geste reste incompris. Violent et soudain, personne ne l'a vu venir. Une information judiciaire a été ouverte pour tentative d'assassinat, contre cet élève de 15 ans qui a porté un coup de couteau à la gorge de cette enseignante caennaise, dans le plus grand établissement scolaire du centre ville. Les éléments en faveur de l’intention d'homicide et de la préméditation du geste imposent cette qualification pénale à ce stade de l’instruction, selon la procureur de la République de Caen.
Jean-François Dreyer, professeur d'histoire géographie, a eu des nouvelles récentes de la victime, "très traumatisée et choquée".
Cette enseignante est en souffrance et désemparée. Elle a besoin d'un soutien et d'une aide psychologique. La communauté des professeurs a l'impression d'avoir une chape de plomb au-dessus de la tête. On attend un échange avec le ministre pour réfléchir aux moyens à mettre en place pour que cela ne se reproduise pas.
Jean-François DreyerProfesseur d'histoire géographie au lycée Malherbe de Caen
Mobilisation de soutien à Fresnel
Ce lundi, des collègues voisins, ceux du lycée Fresnel, sont sortis devant les grilles pour exprimer leur soutien à la victime, sortie de l'hôpital, mais aussi aux autres enseignants comme aux élèves. "C'est un phénomène grave, jamais arrivé sur Caen", souligne Sébastien Chieu, représentant du personnel sur place.
C'est un moment collectif dont on avait besoin pour évacuer la chose. A un moment donné, on a besoin de se rassembler, de manifester notre soutien. Il fallait le faire.
Sébastien ChieuReprésentant du personnel au lycée Fresnel de Caen
Cet acte interroge, inquiète forcément. Mais il n'est pas forcément facile de mettre des mots, y compris pour les élèves. "Personnellement, je n'ai pas eu de questions. Peut-être que des collègues ont eu des questions, mais non, pas vraiment. Et justement, à un moment il faut manifester une réaction." Même ces enseignants ont mis du temps à réagir vraiment. "On était un peu abasourdi."
On aurait attendu, on aurait aimé qu'il y ait une réaction des instances, notamment sur la tenue immédiate d'un CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), qui va se tenir cette semaine mais c'est venu un peu tardivement à notre goût, qu'il y ait une enquête, qu'on regarde comment améliorer les choses, si ce n'est pas un acte isolé.
Sébastien ChieuReprésentant du personnel au lycée Fresnel de Caen
Des rumeurs faisaient état d'une visite ce mardi, une semaine après les faits, du ministre de l'Education, Pap N'Diaye. Dès le mardi, il avait d'ailleurs lui-même annoncé sa venue "dans les jours à venir". Finalement c'est vendredi matin, 23 septembre, qu'il viendra échanger avec personnel.
Rapidement, l'académie et des politiques avaient exprimé leur soutien, via les réseaux sociaux, et la rectrice était venue à la rencontre des équipes du lycée.