Ce lundi 20 mars, le sixième rapport du GIEC sur le réchauffement climatique est sorti, pointant du doigt une nouvelle fois la responsabilité de l'action humaine. A l'aide de cinq photos prises cette année en Normandie, nous en avons profité pour interroger Stéphane Costa, co-président du GIEC normand sur le futur de notre région.
L'impact du réchauffement climatique en Normandie
Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a rendu public en Suisse ce lundi 20 mars son sixième rapport de synthèse. Conclusion : le réchauffement climatique actuel est sans précédent et il est provoqué de façon claire par les activités humaines. Alors voyons les grandes lignes du rapport régional. Parmi elles, la montée de la mer. Elle entraîne une salinisation des nappes phréatiques qui sont en bordure de côtes. L'eau salée rentre dans l'eau douce, c'est un phénomène assez nouveau non ?
Stéphane Costa : Il y a déjà des cas qui sont observés dans le Calvados et dans l'ouest du Cotentin. Des travaux sont en cours. Lorsque vous avez une nappe phréatique qui s'abaisse à cause de la sécheresse et des prélèvements de plus en plus importants, la mer monte pendant ce temps. Elle risque donc de s'écouler dans ces mêmes nappes. En découlent des problèmes d'induction d'eau et d'eau potable pour les populations mais aussi les activités agricoles par exemple. Cela affecte tout le monde sur le littoral.
Cette augmentation des températures a aussi un impact sur la pêche n'est-ce pas ?
Stéphane Costa : Ce réchauffement climatique touche les eaux de la Manche. Il y a certaines pêches aujourd'hui comme celles à la coquille Saint-Jacques ou au bulot qui sont très sensibles aux changements de température. Ces ressources risquent de migrer vers le nord et donc vers des eaux plus clémentes, ce qui pourrait amener les filières de la pêche à tenter de les suivre mais là surviendrait la double peine. Il faudrait monter vers le nord, mettre plus de gasoil coûteux mais ce sont aussi des émissions de gaz à effet de serre plus importantes. C'est un cercle vicieux.
Venons-en à l'agriculture, l'intérieur des terres est touché également.
Stéphane Costa : On a encore vécu cet été un épisode de sécheresse relativement long. De fortes températures, de fortes chaleurs qui génèrent des stress hydriques pour les cultures et qui vont générer de gros problèmes. Lorsque c'est une sécheresse de temps en temps comme ce qu'on a pu connaître ces dernières décennies, ce n'est pas bien grave. Là, c'est l'effet cumulatif. La sécheresse s'ajoute à la baisse des niveaux d'eau. Ce qui fait qu'on n'aura plus assez d'eau pour alimenter la végétation. Plus généralement et en dehors de l'agriculture, certaines végétations pourraient être vouées à ne plus exister dans notre région. Par exemple, le hêtre pourrait disparaître entre 2080 et 2100 en Normandie.
Que dit le rapport du GIEC au niveau mondial ?
Premier enseignement : le dérèglement climatique est plus intense et plus rapide que prévu. Neuf ans après le début des travaux du GIEC, cette dernière et ultime synthèse sonne comme un guide de survie pour l'humanité.
"L'humanité est sur une mince couche de glace, et cette glace fond rapidement.", souligne Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. Pour ceux qui en doutaient encore, c'est bien l'activité humaine et la combustion des énergies fossiles qui est la cause principale du réchauffement climatique. Si rien ne change, le monde se réchauffera de 3,2 degrés à l'horizon 2100.
Nous n'en sommes qu'à un degré et déjà, la sécheresse même en Normandie et les incendies comme cet été en Gironde sonnent comme un rappel à l'ordre. Avec des conséquences sur la biodiversité et sur l'homme. 40% de la population mondiale est exposée. Notamment sur les côtes dans le monde et près de chez nous.
Les ambitions française de neutralité carbone à l'horizon 2050 ne semblent plus à la hauteur.
Les dirigeants des pays développés doivent s'engager à atteindre la neutralité carbone aussi proche que possible de 2040, une limite qu'ils devraient tous s'efforcer de respecter. C'est possible.
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies
Le GIEC fixe un objectif : diviser par 2 les émissions de CO2 à l'horizon 2030. Pour cela, les experts sans aller jusqu'à parler de décroissance prône pour la 1ère fois la sobriété et encouragent entre autre le développement des énergies renouvelables.