Témoignage : deux étudiants de Caen ont passé leur Noël...au Groenland !

Depuis 2019, l'antenne caennaise de Sciences-po Rennes, le campus des Transitions, offre la possibilité à des étudiants de postuler au programme Erasmus, destination l'université de Nuuk au Groenland ! Jonathan et Edel nous racontent leur expérience polaire.

"C'est une expérience dont on revient forcément transformé", souligne Nicolas Escach, Directeur du campus des Transitions, antenne caennaise de Sciences-po Rennes. Partir 6 mois ou un an au Groenland, une expérience hors du commun qui a tenté deux jeunes étudiants Jonathan Blanchet, en 2020, et Edel Monfort, partie le 31 août dernier. 


Un Noël groenlandais

Edel et Jonathan ont eu à coeur de se lier avec les Groenlandais. En apprenant quelques mots, comme "qujanaq" (merci) ou "takuss" (au revoir). En vivant avec des familles groenlandaises. Edel, -qui n'a pas croisé un seul Français en 4 mois !-, a ainsi passé Noël avec sa famille d'accueil. "Le 24 au soir, la fête est dédiée aux enfants autour du sapin, avec pour moi du riz à l'amande en dessert. Le 25 se partage davantage entre adultes, et peut prendre la forme d'un "Kaffemik", une célébration.

Edel participe également à différents évènements culturels à Nuuk, comme le festival international de cinéma, un festival de musique groenlandaise, la semaine de la science ou encore a été bénévole lors du Nuuk Nordisk Kulturfestival.

Mais pour découvrir davantage de traditions inuits, il faut s'aventurer dans les petites villes ou villages. "Dans la capitale, le mode de vie est proche de celui des Occidentaux", souligne Jonathan. "Les jeunes regardent Netflix !" Au Groënland, près de 87 % des 56 000 habitants vivent dans des villes, 34 % à Nuuk. 

 

"L'intérêt pour l'Arctique date de mes années en classes prépa", explique Edel, 21 ans, originaire de Vannes, actuellement à l’université d’Ilisimatusarfik à Nuuk, capitale du Groënland. "En khâgne, nous préparons le concours de l'Ecole normale supérieure. Le programme en géographie portait sur l'Arctique et ses enjeux. Alors, pendant un an, je me suis beaucoup documentée."

Entrée en deuxième année à Sciences-po, ses résultats et sa motivation font la différence. Elle est sélectionnée par l'équipe pédagogique pour partir. "Je n'ai pas réalisé tout de suite." Très vite, il a fallu préparer le déplacement : la demande de visa, investir dans des vêtements techniques chauds, et puis surtout trouver un logement. "Ce n'est pas facile à Nuuk, une ville de 18 800 habitants où il n'y a pas assez de logements. J'ai lancé un message sur Facebook et c'est une famille groenlandaise dont la dernière fille est en stage à Washington, qui m'a accueillie dans son appartement."

 

 

Sur les traces du commandant Charcot 

"Le Groenland est un territoire passionnant !", s'enthousiasme Jonathan qui se dit fasciné par les grands explorateurs comme Paul-Emile Victor ou le commandant Charcot, pionnier des expéditions polaires françaises et des études sur le changement climatique. Entre 1925 et 1936, Jean-Baptiste Charcot conduit huit missions scientifiques estivales en Arctique, au Groenland, dans le Scoresby Fjord, à bord du navire le Pourquoi-pas ?

Un territoire polaire avec lequel le campus des Transitions de Caen rêvait de nouer des liens qui se traduisent désormais concrètement par des échanges académiques. Edel étudie l'économie. Jonathan, lui, avait complété son cursus de sciences-politiques avec des stages au Ministère des Finances du Groenland, à la municipalité Qeqqata Kommunia à Sisimiut (l'une des cinq régions groënlandaises) où l'étudiant normand travaille sur le développement de l'industrie et de la recherche en matière de changement climatique, puis auprès du Premier Ministre. "C'est une petite ville où tout le monde se connaît et où il est facile pour les étudiants de rencontrer les dirigeants", explique Nicolas Escach.

Immerger les étudiants dans la culture groenlandaise et de les sensibiliser aux effets du réchauffement climatique

Nicolas Escach, Directeur Sciences-po Caen

 

Des montagnes et des fjords 

Avec sa nature immense et son climat polaire, le Groenland ne peut laisser indifférent. "Sur mon temps libre, j'aime faire de la randonnée, faire du kayak et profiter des montagnes et des fjords", raconte Edel. "On est en constante proximité avec la nature, complète Jonathan, parti à 19 ans en 2020 pour un an. Tout paraît d'ailleurs plus calme, plus agréable à vivre." Jonathan garde également de très bons souvenirs de pêche et de chasse en motoneige, ainsi que des sorties en chiens de traineau ou en mer. Quant au manque de luminosité, "on s'habitue !", assure Edel. 

 

Des températures polaires mais qui se réchauffent 

Pour cette aventure dans le Grand Nord, Jonathan et Edel ont dû s'équiper de vêtements techniques. "Il fait actuellement -7, -8 degrés mais j'ai connu -17 degrés", note Edel. "La température est descendue jusqu'à -37 degrés au mois de mars !", se souvient Jonathan.

 

Cela dit, le réchauffement climatique se fait sentir. Jonathan a pu rencontrer plusieurs scientifiques, notamment américains, ayant participé à une mission sur la calotte glaciaire au nord du Groënland.

L'un des scientifiques m'a dit "là tu vois, il pleut, et bien cela n'arrivait jamais avant".

Jonathan Blanchet

 

Et cette année, Edel a pu constater que la neige, arrivée au début du mois de novembre, avait fondu à Noël dans le Sud de l'île. Une verdure inhabituelle... 

 

Et après le Groënland, quelle aventure ? 

Edel restera jusque début janvier au Groenland avant d'effectuer un stage de 6 mois à Copenhague, au Danemark. "Le Groenland bénéficie d'une autonomie étendue mais dépend toujours du Danemark dont il a été une colonie." Edel envisage d'y retourner. 

Jonathan, lui, est retourné à Sciences-po Rennes. Mais reste très lié au Groenland. A 21 ans, il est chargé des relations diplomatiques pour Greenlandia, une organisation française qui porte la voix des habitants d'Ittoqqortoormit, une localité située à l'est du Groënland et dont la population doit s'adapeter au dérèglement climatique. Et compte s'y rendre à nouveau dans 6 mois. 

 

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