Depuis 15 mois, Marie-Laure Duval se rend régulièrement à l'hôpital de Caen, lorsque son fils est hospitalisé au sein du service d'hémato-oncologie. En ce début d'année 2023, elle dit rencontrer davantage de difficultés pour stationner gratuitement et veut alerter sur les dépenses occasionnées pour chaque famille.
La maman d'un enfant hospitalisé alerte sur le stationnement payant au CHU de Caen : "la maladie est déjà très violente alors s’il faut se battre pour des choses matérielles… "
Raphaël, âgé de 13 ans, est régulièrement hospitalisé au CHU de Caen pour une leucémie. Depuis octobre 2021, ses parents se relaient à ses côtés, lorsqu’il doit rester plusieurs jours au sein du service d'hémato-oncologie pédiatrique.
Problème : le parking sur lequel se garaient habituellement ses parents, pour ne pas payer le stationnement, n’existe plus. En raison du chantier du nouvel hôpital, le parking P7 a été supprimé.
Une inquiétude quotidienne
"Avant, le P7 était payant, mais le personnel nous démagnétisait le ticket pour qu’on ne paie pas. Les derniers mois de 2022, il n’y avait même plus de barrière", se souvient, Marie-Laure Duval. Désormais, pour une journée de stationnement à l'hôpital, cette famille doit débourser vingt d’euros.
Cette famille, originaire de Luc-sur-Mer (Calvados), a fait les comptes : "On a calculé sur la base de 10 euros pour les journées d'hospitalisation complète et 5 euros en hôpital de jour. Si on avait dû payer depuis le début des hospitalisations, il y a 15 mois, on en aurait eu pour 1 700 euros de parking !"
Certains parents sortent toutes les heures et demie pour ne pas payer le stationnement.
Marie-Laure DuvalMère d'un enfant hospitalisé
"Moi, soit je me gare n’importe comment, avec du stationnement sauvage sur les trottoirs. Soit dans un ancien petit parking, sur des places fléchées ‘familles’. Une autre maman m’avait donné cette astuce", explique Marie-Laure Duval.
Plusieurs familles concernées
Selon le syndicat Force Ouvrière, le stationnement est un sujet qui fait beaucoup parler au sein des couloirs de l'hôpital de Caen. "Des familles nous ont déjà contactés à ce sujet", rapporte José Monteiro, secrétaire du syndicat FO du CHU. "On a alerté la direction, en leur demandant de trouver une solution. Pour les parents, cela devient très compliqué et parfois très onéreux."
Marie-Laure Duval veut aujourd'hui se battre pour tous les parents concernés, que ce soit en oncologie pédiatrique ou en néo-natal. "J'ai l’énergie parce qu’aujourd’hui, mon fils va mieux. Quand il est tombé malade il y a 15 mois, on ne savait pas s’il allait survivre, là ça n’aurait pas été possible."
La maladie est déjà très violente alors s’il faut se battre pour des choses matérielles…
Marie-Laure DuvalMère d'un enfant hospitalisé
1 200 places disponibles au CHU de Caen
Mercredi dernier, cette mère de famille a échangé avec le service du droit des usagers. "Un médecin médiateur m'a rappelé très vite. Il m'a d'abord dit que le service d'oncologie donnerait une liste des parents et que la barrière du parking P1 s'ouvrirait pour nous au moment de payer. Puis, le lendemain, il m'a rappelé pour dire qu'il fallait finalement qu'une réunion ait lieu avant cette décision."
Selon le site internet du CHU de Caen, les patients peuvent aujourd’hui stationner sur trois parkings différents (P1, P2, P10), où seule la première heure et demie de parking est offerte. 741 places se trouvent par exemple sur le P1. "Ça dépend de l’heure à laquelle vous arrivez, mais en général le P1 est tout le temps plein", souffle Marie-Laure Duval.
Contacté, le CHU de Caen n’a pas souhaité nous recevoir et dit réserver ses réponses à la patiente. L’hôpital indique également qu'il est possible de faire une demande de remboursement auprès de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). "D'après ce que j'ai compris, rétorque Marie-Laure Duval, cela est possible uniquement quand on transporte notre fils. Cela ne fonctionne pas pour nos trajets, à nous, accompagnants, nous ne sommes pas les malades... Dans tous les cas, cela reste des démarches supplémentaires à faire."
La municipalité de Caen alertée
Déterminée, ce samedi 28 janvier, cette mère de famille a été reçue par Joël Bruneau, maire de la ville de Caen et président du conseil de surveillance de l'hôpital.
"Il a été saisi, il pensait que c'était résolu. Il m'a dit qu'il appellerait le directeur du CHU", raconte Marie-Laure Duval.
Quant à la solution de se garer sur des parkings relais puis prendre les transports en commun, "impossible", tranche cette mère. "On n'a pas le temps. Au début, c'est tellement violent, on est en mode survie."