Bouygues Travaux Publics (TP) a nié mardi devant la cour d'appel de Caen toute mauvaise volonté dans une affaire de travail au noir de travailleurs étrangers sur le chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville.
Bouygues TP et Quille (rebaptisée depuis Bouygues Bâtiment Grand Ouest), deux filiales de Bouygues Construction, et l'entreprise nantaise Welbond Armatures, avaient été condamnées à des amendes en 2015 en correctionnelle à Cherbourg pour avoir eu recours, entre 2008 et 2012, aux services de l'agence d'intérim international Atlanco et de l'entreprise roumaine de BTP Elco, elles-mêmes alors condamnées pour travail dissimulé.
"On a peut-être failli, peut-être, mais on avait la volonté de bien faire du 1er jusqu'au dernier jour", a déclaré à la barre Philippe Amequin, directeur général de Bouygues TP, interrogé sur ses contrats avec Atlanco qui a fourni au chantier 163 Polonais sans couverture sociale, selon l'accusation.
En première instance M. Amequin avait reconnu "des dysfonctionnements" dans des contrats avec Atlanco mais pas dans ceux visés par la procédure. "On a été abusés par Atlanco", a ajouté M. Amequin. Avant l'inspection du travail à l'origine de la procédure en mai 2011 "on savait rien. Je n'ai jamais eu aucune alerte d'aucune sorte", a assuré le DG de l'entreprise qui emploie 2.500 personnes en France.
En 2009, l'Urssaf avait déjà signalé des irrégularités, a souligné l'avocat de la CGT, partie civile, Flavien Jorquera. "Il y a certainement eu un espèce d'endormissement de collaborateurs" de Bouygues, a avancé M. Amequin.
Et qu'Atlanco soit "une société de droit irlandais à l'origine, qui via une société de droit chypriote, recrute des Polonais, ça vous a pas paru bizarre?", interroge le président de la cour d'appel Henri Ody. Atlanco avait donné satisfaction sur le chantier d'un autre EPR, en Finlande, a répondu M. Amequin.
Et que ces Polonais aient signé "des contrats en grec auxquels ils ne comprenaient rien. Qu'en pensez-vous?", interroge de son côté l'avocat général Marc Faury. "C'est inadmissible. J'ai (depuis) pris la décision d'interdire tout recours à des sociétés d'intérim étrangères", a affirmé M. Amequin.
Entre 460 et plus de 500 salariés -dont 163 Polonais et 297 Roumains- ont été victimes dans cette affaire, selon le parquet de Cherbourg. Le procès doit s'achever ce mercredi soir.