Le jury, présidé par le réalisateur Guillaume Canet, a dévoilé samedi 9 septembre le palmarès de la 49e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville.
A Deauville, les noms prestigieux peints sur les cabines de la plage sont restés muets. Aucune star américaine n'a foulé le tapis rouge. En cause ? La grève, qui paralyse l'industrie du cinéma à Hollywood (Etats-Unis) depuis le mois de mai. Les syndicats de scénaristes et de comédiens demandent aux studios une revalorisation de leurs revenus face aux plateformes et des engagements légaux, eu égard au développement de l'Intelligence Artificielle. Natalie Portman ou Jude Law avaient donc choisi de ne pas faire le voyage.
Standing-ovation pour "LaRoy" de Shane Atkinson
Pas de quoi infléchir néanmoins le décollage du Californien Shane Atkinson. Le réalisateur a fait une entrée remarquée lors du 49e festival du cinéma américain, raflant pas moins de trois titres majeurs dont le prestigieux Grand Prix. Son premier long-métrage, "LaRoy" a été unanimement salué, samedi 9 septembre. La comédie dramatique s'est aussi vu attribuer le Prix du public et le Prix de la critique.
Ce thriller à l'humour sombre s'inscrit, selon les observateurs, dans la lignée des frères Coen ou de Quentin Tarantino. Le film suit les mésaventures de Ray (joué par John Magaro), personnage apathique qui découvre que sa femme le trompe. Alors qu'il s'apprête à mettre fin à ses jours sur le parking d'un motel, un homme fait alors irruption dans sa voiture. Ce dernier pense avoir à faire avec le tueur à gages qu'il a engagé. Contre toute attente, Ray accepte la mission dans l'espoir de gagner l'admiration de ses proches.
Si Shane Atkinson est américain, une grande partie de la post-production de LaRoy a été réalisée dans l'hexagone. En effet, le producteur de Shane Atkinson est un Français. Les deux hommes se sont rencontrés il y a 10 ans à Clermont-Ferrand, lors de la présentation d'un court métrage, et ont depuis poursuivi leur collaboration. "Il nous a fait confiance à nous, et pas aux boîtes d'Hollywood qui pouvaient le courtiser car il a aimé notre mentalité européenne et cette vision artistique que nous avons, explique Sébastien Aubert, le producteur. Ce dernier pointe toutefois un "parcours du combattant" lié à la difficulté de lever des financements faute de convention entre la France et les Etats-Unis.
"Il y a eu 22 jours de tournage pour un budget de 2 millions de dollars. C'est très faible pour le cinéma américain."
Sébastien Aubert, producteur de Shane Atkinson
Ces contraintes économiques et temporelles n'en ont pas moins impressionné Guillaume Canet, président du jury : "Ce film est assez admirable. Quand on voit la maîtrise, l'écriture, la mise en scène, la direction d'acteur, c'était évident que ce film méritait un Grand Prix", expose le réalisateur.
Le film n'aura d'ailleurs pas fait que rafler des prix à Deauville. Il a aussi trouvé un distributeur. "ARP a été séduit par le film et au sortir de la salle on a lancé les démarches", abonde Sébastien Aubert. Le film devrait donc sortir dans les salles obscures en avril 2024.
Le Prix de la Révélation est quant à lui revenu à The Sweet East de Sean Price Williams. Un film "courageux et éclatant, satire des Etats-Unis où tout le monde prend cher, mais avec beaucoup de grâce", témoigne la présidente du jury, Mélanie Thierry.
Cette dernière a également souligné le rôle "d'exposition" porté par le festival : "On est noyés par toutes ces nouvelles choses sur les plateformes ou les films de super-héros des studios - qui cartonnent par ailleurs. Mais c'est de plus en plus difficile pour le cinéma indépendant de trouver sa place." Un écho aux interrogations qui parcourent actuellement Hollywood.
Le palmarès complet :
Au total, le festival présentait 80 œuvres dans diverses catégories.
- Grand Prix : LaRoy de Shane Atkinson
- Prix du Jury ex-æquo : Fremont de Babak Jalali et The Sweet East de Sean Price Williams
- Prix de la critique : LaRoy de Shane Atkinson
- Prix du public : LaRoy de Shane Atkinson
- Prix de la Révélation : The Sweet East de Sean Price Williams
- Prix d’Ornano-Valenti : Rien à perdre de Delphine Deloget
Le jury : Gauillaume Canet, Alexandre Aja, Anne Berest, Laure de Clermont-Tonnerre, Léa Mysius, Marina Hands, Rebecca Marder, Stéphane Bak et Maxim Nucci (Yodelice)