Dernière campagne et dernier bras de fer à la sucrerie de Cagny

La sucrerie de Cagny doit fermer l'an prochain. Alors que la campagne de la betterave a débuté, les salariés ont fait grève 24 heures ce mardi pour demander des indemnités. En reponse, la direction a décidé de stopper l'activité du site pendant 15 jours. 

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"C'est une conséquence directe de la part de Saint-Louis Sucre d'avoir refusé notre plan de reprise puisque dans notre plan de reprise, il y avait aussi la reprise de l'ensemble des salariés de Cagny. Si il avait été accepté, nous n'en serions pas là", constate amèrement Patrick Dechaufour, agriculteur et président du syndicat des bettraviers CGB. Dans les champs, les tonnes de betteraves s'amoncellent depuis plusieurs jours en attendant d'être ramassées. "Elles perdent leur sucre, elles perdent leur richesse. Si on laisse trois semaines en tas, vous perdez 30% de vos tonnages." Le temps presse. Mais la sucrerie de Cagny est à l'arret pour 15 jours.
 
"La direction tente un dernier coup de force en bloquant l'usine pendant 15 jours de façon à retourner l'opinion publique et nos amis planteurs contre nous", déplore Loïc Touzé, délégué syndical FO Saint-Louis sucre. Cette décision d'arrêter le site a été prise en réponse au préavis de grève lancé pour une période de 15 jours. Ce mardi, une première journée de grève a été fortement suivie selon les représentants syndicaux. "92 % des salariés en CDI et une cinquantaine de saisonniers. Ce sont quand même des salariés dits précaires qui ont osé se mettre en grève pour réclamer leur dû."  

Au coeur de ce mouvement, la demande d'une indemenisation exceptionnelle pour cette 68ème et dernière campagne, "une campagne qui se passe très très mal psychologiquement", notamment pour les saisonniers oubliés du Plan de Sauvegarde pour l'Emploi . "On réclame surtout que des saisonniers qui ont fait 30 ans, notamment dans l'usine, qui ont travaillé à noël, au jour de l'an, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant six mois par an, aient une compensation pour la perte d'emploi qu'ils auront l'année prochaine."
 

Reportage de Rémi Mauger et Matthieu Bellinghen

La direction argue du délai nécessaire pour stopper et redémarrer l'usine (trois jours en moyenne) pour justifier sa décision. "Südzucker nous dit qu'il y a trop de sucre en Europe : ça tombe bien, si il y a trop de sucre, il n'ont pas de problème", lance ironiquement Loüic Touzé, avant d'ajouter :"Sauf que depuis cette année, l'Europe est importatrice de sucre. Donc on manque de sucre et on ferme Cagny. C'est une hérésie totale." Et le représentant syndical d'annoncer que "si l'usine redémarre sans prime dans quinze jours, il y aura très probablement de nouveaux mouvements de grève".

L'entreprise pourrait donc être contraintes d'acheminer les betteravres vers son autre usine normande, à Etrépagny. Or, le trasnport de la production du secteur de Cagny dans l'Eure coûterait, selon le syndicaliste, près de 10 millions d'euros.

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