De nouveaux pensionnaires ont rejoint le plus grand zoo normand mercredi 20 juillet 2022. En raison de l’incendie qui a dévoré la forêt Girondine, fauves et lémuriens ont dû quitter leur zoo à Arcachon. Le Cerza, près de Lisieux dans le Calvados, s’est porté candidat pour accueillir 16 pensionnaires, arrivés fatigués mais en bonne santé.
L'ocelot arrivé d'Arcachon le 20 juillet 2022 se montre curieux, il commence à pointer son museau en dehors de son abri. "C'est bon signe : quand les animaux mangent et ont envie d'explorer leur enclos, c'est qu'ils vont bien" affirme, soulagée, Dorothée Ordonneau. Elle est vétérinaire et directrice scientifique du zoo du Cerza, qui accueille 1500 animaux en semi-liberté dans le Calvados.
Les 16 animaux réfugiés venus d'Arcachon vivent dans un hangar séparés en box. Chacun a un accès à un enclos extérieur. "C'est notre bâtiment de quarantaine, qui sert à isoler les animaux si besoin. Comme nous avions de la place, on s'est porté candidat pour nous occuper de pensionnaires. Mais vue la distance entre la Normandie et la Gironde, les zoos les plus proches d'Arcachon ont accueilli les animaux les plus fragiles."
Sont donc arrivés en Normandie des couples de tapirs, d'ocelots et de fennecs. Les lémuriens sont en trio. Un tigre et une panthère du Sri-Lanka se reposent en solitaire dans leur enclos. " Ceux-là vivaient déjà seuls auparavant. Si on a pu les accueillir, c'est parce qu'on s'occupe déjà de ce genre d'animaux. Nous ne nous serions pas engagés pour des chimpanzés et des orans-outangs, qui sont très sensibles. Eux ont été envoyés à la Vallée des singes dans la Vienne, où les soigneurs sont très spécialisés."
Nous avons fait le point avec nos collègues d'Arcachon espèce par espèce pour pouvoir héberger leurs animaux dans les meilleures conditions. Le but c'était que les animaux soient bien, et pas d'en accueillir à tout prix
Dorothée Ordonneau, vétérinaire au zoo du Cerza
"Quand ils sont arrivés, ils étaient en général stressés", note le responsable de la conservation au Cerza. Frédéric Houssaye raconte : "Les animaux ont dû patienter dans leurs cages après avoir été mis en caisse dans la nuit de lundi à mardi, dans leur zoo à Arcachon. C'est une ambiance sonore à laquelle ils ne sont pas habitués. Ensuite, ils ont été pris en charge par des transporteurs professionnels qui connaissent bien leur métier. Hormis le stress du voyage, ils étaient tous en bonne santé physiologique à leur arrivée ici. Ils retrouvent peu à peu une vie normale."
D'ailleurs, le couple de tapirs semble apprécier la litière épaisse qui leur est fournie depuis leur arrivée. « Ils dévorent les branchages qu’on leur donne, ils ont l’air d’adorer les aulnes, frênes et autres noisetiers qu’on trouve en grande quantité sur le parc » se réjouit Dorothée Ordonneau.
Mais pas question de leur faire rencontrer les autres pensionnaires du zoo normand : "cela pourrait bouleverser la structure sociale des groupes existants, en créant des conflits. Mais on leur laisse le contact visuel et olfactif", précise la vétérinaire.
Un séjour normand à durée indéfinie pour le moment
Quant à la question du retour des réfugiés dans leur zoo d'origine, la réponse n'est pas établie selon Dorothée Ordonneau. "Ce qui est rassurant, c'est que la structure même du zoo d'Arcachon n'a pas été abîmée par les flammes, l'incendie s'est arrêté aux portes de l'établissement. Mais il faut attendre que les feux soient totalement éteints, et pas seulement sous contrôle. On ne peut pas prendre le risque de faire rentrer chez eux les animaux et de les re-transférer si le feu reprend. " Les déracinés venus d'Arcachon retrouveront sans doute leurs enclos d'ici quelques semaines.
Cette expérience inédite pousse la vétérinaire à faire un constat : "L'ensemble des parcs zoologiques français ont été extrêmement solidaires et réactifs, Là, on n'était pas en compétition, ce qui comptait, c'étaient les vies de nos animaux à sauver. C'est à la fois agréable et rassurant de voir que l'on peut bosser ensemble."