Cet index qui permet de mesurer les écarts de salaire entre les femmes et les hommes au travail montre ses limites, cinq ans après sa création par le gouvernement. Le jeudi 7 mars, le Haut conseil à l'égalité (HCE) a proposé plusieurs axes d'amélioration en vue d'une réforme.
Le préfet du Calvados était en visite ce vendredi 8 mars, journée internationale du droit des femmes, à l'entreprise Trelleborg, à Condé-en-Normandie. Spécialisée en technologie industrielle de pointe, elle présente un index de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes de 94/100.
"Nous suivons une cohérence dans l'octroi et la distribution des salaires pour éviter que l'écart-type se creuse entre nos salariés femmes et hommes. Ils sont lissés au maximum chaque année par des augmentations de salaire et un coefficient de pondération", explique Damien Teste, directeur du site Trelleborg, qui compte 83 salariés (50 hommes pour 33 femmes).
#ToutesEtTousEgaux | Dans le cadre de la journée internationale pour les droits des femmes, le Préfet a visité l’entreprise Trelleborg, spécialisée dans la conception et dans la fabrication de joints d’étanchéité pour divers secteurs.
— Préfet du Calvados (@Prefet14) March 8, 2024
🚹🚺 L’entreprise s'est dotée d’un “accord… pic.twitter.com/aXAmSbWG2o
Un écart moyen de 23,5%
Concrètement, l’Index de l'égalité professionnelle, dit "Index Pénicaud", permet de mesurer les écarts de salaire entre les femmes et les hommes à partir de cinq critères dans les entreprises de plus de cinquante salariés, et leur attribue une note sur 100 points. La moyenne nationale s'élève à 88/100 ; et des sanctions peuvent s'appliquer en dessous du seuil de 75/100.
Selon les chiffres de l'Insee en 2022, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé. Cet écart s’explique en partie par le moindre volume de travail annuel des femmes, commente l'Institut. À temps de travail identique, ce chiffre atteint 14,9 %.
Il faut créer les conditions d'une politique publique permettant plus de transparence sur la méthodologie de l'Index et de ses résultats.
Allan Bertu, secrétaire général CGT Calvados
"Il s'agit d'un dispositif non coercitif, il n'y a pas de sanctions réelles envers les entreprises qui n'appliquent pas le principe d'égalité salariale et qui discriminent, par de faibles salaires ou des contrats précaires", réagit Allan Bertu, secrétaire général de la CGT Calvados.
Une réforme à venir
Mais cinq ans après sa mise en place par le gouvernement, "l'index n'a pas rempli toutes ces promesses" estime le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), dans un bilan publié le 7 mars 2024.
5 ans après la création de l’Index #égalitéprofessionnelle, le @HCEfh publie son bilan. Malgré des avancées indéniables, il n’a pas rempli toutes ses promesses. Ce rapport met en évidence les limites de l’outil et propose des pistes d'amélioration pour atteindre une réelle… pic.twitter.com/pkOuuE38lJ
— Haut Conseil à l'Egalité (@HCEfh) March 7, 2024
Son périmètre d'action limité (35 000 entreprises y sont assujetties, soit 1% du total des sociétés) ; sa méthodologie (elle neutralise des écarts de rémunération de 5%) ; et sa non-prise en compte de la sous-valorisation systématique des métiers féminisés constituent "des inconvénients" épinglés par l'instance consultative indépendante rattachée à Matignon.
Ainsi, le HCE a proposé plusieurs axes d'amélioration – comme l'ajout de nouveaux critères, la création d'un logiciel gratuit de recensement et la comparaison d'emplois de "valeur égale" –, qui pourraient aboutir à une nouvelle version de l'Index dans les mois à venir.