Le Département confirme la disparition du collège de Val de Vire en 2024, malgré l'opposition des familles et des enseignants

Le projet de fusion des collèges Val de Vire et Maupas a été voté par le conseil départemental du Calvados, après une séance agitée ce lundi 12 décembre 2022. Les opposants ont investi l'hémicycle, pour faire entendre leur colère.

Des dizaines d’opposants s'étaient donnés rendez-vous devant l’Hôtel du Département à Caen, avant le vote sur la fusion des deux collèges de Vire, qui fait polémique depuis des semaines. Parents et enseignants étaient déterminés à faire entendre leur mécontentement et leur opposition au regroupement des établissements Val de Vire et Maupas, en un seul ensemble. Jusqu'à la dernière minute, ils espéraient que le projet serait finalement abandonné.

Ils ont rejoint l’enceinte de la salle où siège le conseil départemental pour assister depuis une tribune aux délibérations, accompagnés de certains élus solidaires. 

En début de conseil, la présidente du groupe du rassemblement de la gauche et de l’écologie, Édith Heuze, a demandé le retrait du débat à l’ordre du jour. Une demande rejetée par les élus de l’Assemblée départementale. La gauche a ensuite réclamé une suspension de séance avant de quitter l’hémicycle.

Une séance mouvementée 

Quelques minutes après le début de la réunion, les opposants au projet ont quitté la tribune depuis laquelle ils assistaient aux débats et se sont invités dans l’hémicycle, pour exprimer leur colère et "parce qu'on n'entendait rien", assure un parent d'élève. La séance a été suspendue. Le président du conseil départemental du Calvados, Jean-Léonce Dupont (groupe majoritaire, centristes et indépendants) a quitté la salle, sous les huées. 

Bien décidés à ne pas quitter l'hémicycle, les opposants ont par la suite occupé les sièges des élus. "Que voulez-vous faire, quand on veut discuter, il faut faire les choses", a réagi depuis l'enceinte départementale Cyril Le Roux, que nous avons joint par téléphone. 

Devant le refus des parents et des enseignants de quitter la salle, le président du département a une nouvelle fois suspendu la séance, avant d'annoncer qu'il allait faire évacuer les lieux. "Une professeure du collège Maupas a demandé une concertation qui a été rejetée par le président. Ce Monsieur ne veut pas discuter. On a face à nous un mur", lance ce père d'une élève de 4e au collège du Val-de-Vire. "On assiste à des choses assez hallucinantes. Je crois qu'un grand Monsieur vient de rentrer dans la salle, il ressemble au chef de la police", continue Mr Le Roux, avant la fin de notre conversation téléphonique. 

À 17h30, une fois l'évacuation des parents d'élèves et enseignants terminée, un vote à huis clos a été décidé par les élus. Votant pour la fusion des deux établissements, ils ont donc entériné la fermeture du collège du Val-de-Vire et le transfert des 250 élèves vers le collège Maupas, distant de 2 km. Ce vote, qui s'inscrivait dans une délibération plus large sur la sectorisation de la carte scolaire, a été acquis par trente-huit voix pour, une abstention et onze non-votants (les élus de gauche).

Plusieurs mois de grogne 

"Je suis médusée". À l'annonce du résultat du vote, Martine Venant, conseillère principale d'éducation au collège du Val-de-Vire, accepte "difficilement" la nouvelle. Elle travaille dans l'établissement depuis 21 ans. "Je connais les fratries depuis des décennies, je connais tout le monde et forcément les familles me connaissent aussi. Une relation de confiance s'est établie depuis des années", témoigne-t-elle.

Jusqu'au bout elle a gardé espoir que la fusion ne soit pas votée par les élus : "On forme une petite équipe bien bosseuse, sereine. On s'y sent bien dans ce collège. On est une famille. C'est terrible". Passionnée, elle a tout de même décidé de continuer son métier de CPE : "J'adore les mômes mais je vais probablement travailler au collège Maupas maintenant, dans un établissement usine, avec 750 élèves", regrette-t-elle. 

La fusion des deux établissements avait été annoncée par Jean-Léonce Dupont lors d’une conférence de presse début septembre : "Le Bocage virois est l’une des zones du Calvados les plus impactées par la chute de la démographie scolaire. Les deux collèges de Vire ne sont occupés qu’à 73 % (Val-de-Vire) et à 77 % (Maupas)", avait-il affirmé pour justifier le projet initialement prévu à la rentrée 2023 et repoussé à 2024 après de nombreuses mobilisations d'élèves, de parents, d'enseignants et de politiques. 

Membre de la majorité départementale, favorable dans un premier temps à la fusion des deux collèges, le maire de la commune, Marc Andreu Sabater (groupe Démocrates et Progressistes), avait par la suite changé de camp. Ralliant la cause des enseignants et parents d’élèves, il avait même défilé à leurs côtés samedi 10 décembre, deux jours avant le verdict. 

Lors de cette marche, les opposants avaient demandé le report du vote de ce lundi. À leurs côtés également, le député Freddy Sertin (Renaissance), membre de l'opposition au conseil départemental et député du Calvados depuis fin juillet 2022 en remplacement d'Élisabeth Borne. 

La veille, vendredi 9 décembre, deux professeurs et un parent d’élèves avaient justement été reçus à Paris pour rencontrer l’équipe de la Première ministre. "Elle n'a pas dépassé ses prérogatives mais a appuyé auprès du conseil départemental le fait qu'il fallait se remettre autour d'une table et remettre le projet à zéro. En vain", exposait déjà Gaëtan Prévert, parent d'élève du Val-de-Vire, reçu à Matignon ce jour-là.

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