Plusieurs centaines de carpes mortes ont été retirées de l'étang de Breuil-en-Bessin, près du Molay-Littry, dans le Calvados. En cause : le virus dit de "la maladie du sommeil" détecté pour la première fois dans le département. L'étang, très prisé des pêcheurs, a été fermé.
C'est une hécatombe. Dans le plan d'eau du Breuil-en-Bessin, acheté par la Fédération de pêche dans les années 2010 pour en faire un "carpodrome", une centaine de cadavres de carpes a été ramassée. "Mais on peut estimer à au moins 400 ou 500 le nombre de carpes victimes du virus de la maladie du sommeil", précise Yannick Salaville, responsable technique de la Fédération pour la Pêche et la protection des milieux aquatiques du Calvados. Ce virus est le CEV pour Carp Edema Virus.
Un virus hautement contagieux mais sans incidence pour l'homme
Ce virus, présent en France depuis une dizaine d'années, est difficile à identifier. "Il n'y a ni plaie, ni oedème visible. Le principal symptôme est un comportement léthargique", explique Yannick Salaville. "La carpe se couche sur le flanc et donne l'impression de dormir", complète Jésabel Laithier, chargée de mission en pisciculture d'étang à l’Itavi, un institut technique expert des filières piscicole, cunicole et avicole.
C'est un virus hautement contagieux. Il peut décimer jusqu'à 80% d'une population de carpes. "Les poissons se le transmettent soit par contact direct en se frottant, soit par l'eau, soit par les sédiments et la prédation aviaire -un oiseau pouvant transporter un poisson d'un plan A à un plan B-, soit enfin par les équipements des pêcheurs", explique Jésabel Laithier.
"En revanche, il n'est pas transmissible à l'homme, et n'a donc aucune incidence pour la santé humaine", rassure Yannick Salaville.
Une première détection dans le Calvados
Tous les ans, des cas de mortalité de carpes sont signalées. "Généralement, il s'agit du virus de la virémie printanière qui touche également la carpe, ou une élévation du niveau de la température de l'eau à partir du mois de mai". Mais là, les pêcheurs ont été surpris par deux constats : la mortalité massive et la précocité de cette mortalité en saison.
"Nous avons pu identifier le virus grâce au programme de recherche baptisé CEViral porté par l'Itavi, explique Yannick Salaville. C'est cet institut qui nous a donné des kits de prélèvements spécifiques. Après analyses en laboratoire, ces prélèvements ont confirmé la présence de ce virus. A notre connaissance, c'est la première fois qu'il était détecté dans le Calvados."
Selon Jésabel Laithier, engagée dans une étude aux côtés de l'ANSES et de l'école vétérinaire de Toulouse, aujourd'hui "aucun territoire n'est indemne" .
L'étang du Breuil-en-Bessin fermé
Le plan d'eau situé au Breuil-en-Bessin est clos. Cette ancienne gravière est une eau close, qui ne communique avec aucun autre plan aquatique. "Mais compte tenu de la contagiosité du virus, il faut absolument éviter que le virus sorte du plan d'eau, alors nous avons préféré le fermer, explique Yannick Salaville. D'autant que les services vétérinaires nous disent que le virus peut être présent ad vitam eternam."
Les amateurs de pêche à la carpe, une pêche ouverte toute l'année, peuvent se reporter sur tout un maillage de cours d'eau et de plan d'eau de 2ème catégorie dans le Calvados. Comme sur le bassin de l'Orne ou de la Dives.
Eviter la propagation et signaler tout cas de mortalité
Pour éviter la propagation, que peut-on faire ? "En l'état on ne peut rien faire, seulement être extrêmement vigilants sur les mesures sanitaires, autrement dit bien désinfecter son matériel", répond Jésabel Laithier qui est en mesure d'envoyer des kits de prélèvements à tous les volontaires qui signalent des cas de mortalité avérée sur les carpes.
Quant à l'étang de Breuil-en-Bessin, la Fédération de la pêche poursuivra sa surveillance en procédant chaque année à des prélèvements scientifiques.
En attendant, elle demande aux 8 000 pêcheurs amateurs et aux propriétaires d’étangs du département de signaler toute mortalité anormale de poissons.