Au lendemain de l'annonce des négociations entre Sanofi et le fonds d'investissement américain CD&R pour le rachat de la filiale Opella, l'inquiétude chez les habitants de Lisieux s'est fait ressentir sur la place du marché, samedi matin.
Un vent d'inquiétude souffle sur Lisieux. Vendredi 11 octobre, les salariés de l'usine Sanofi de Lisieux (Calavados) ont appris le potentiel rachat de leur entreprise par un fonds d'investissement américain. Cette nouvelle a alimenté les débats samedi matin sur la place du marché.
Certains habitants s'inquiètent pour l'emploi sur le territoire, d'autres restent pour le moment optimistes.
Comme un saut vers l'inconnu
Pour les plus pessimistes, les 250 employés de l'entreprise phare de la région du pays d'Auge sont assurément menacés de perdre leur emploi."Lorsqu'un fonds américain arrive, on ne sait jamais après ce qu'il peut se passer, estime une passante, c'est un saut vers l'inconnu pour les salariés."
Un projet que d'autres ont du mal à concevoir, "le Doliprane fait partie des produits [...] très courants et pas très onéreux, je ne comprends pas pourquoi la compagnie française veut se débarrasser de ces médicaments utilisés quotidiennement."
Un rachat qui ravive les mémoires
Chez les Lexoviens, ce potentiel rachat fait écho à celui du fabricant de piles, Wonder. En novembre 1984, Bernard Tapie avait racheté l'enseigne alors au bord de la faillite. L'homme d'affaires français, décédé le 3 octobre 2021, était venu à la rescousse de l'entreprise en supprimant 125 emplois mais en sauvant 250 autres.
"On a bien vu ce qui s'est passé après", s'indigne un homme d'une soixantaine d'années sur la place du marché, samedi matin. En effet, dix mois plus tard en août 1985, l'usine a fermé et 244 personnes ont perdu leur emploi.
Bernard Tapie a réalisé l'un des plus gros coups de sa carrière en revendant la firme au groupe américain Ralston, avec une plus value de 480 millions de francs, soit 73 millions d'euros.
"Un bien stratégique" à protéger
Afin d'éviter la reproduction d'un tel scénario, le député de la 3ème cirsconscription du Calvados a demandé à l'État de bien s'assurer qu'il y ait des garanties claires et solides de la part de l'investisseur.
Ce serait aussi utile que la France examine le rachat par une entreprise française pour un produit aussi important que le Doliprane, parce qu'au delà des emplois il s'agit d'un bien stratégique. La santé c'est aussi la souveraineté de l'État.
Jérémie Patrier-Leitus, député (Horizons) du CalvadosFrance 3 Normandie
Pour l'heure, rien n'est encore acté, mais les esprits sont déjà dans la tourmente à Lisieux.