Du palais épiscopal à la cathédrale industrielle: le tribunal de Lisieux change de mur pour faire peau neuve

La nouvelle cité judiciaire de Lisieux ouvrira ses portes le 5 octobre prochain, près de la gare, un ancien site industriel qui abrita jadis une filature puis une usine de piles. 

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"De façon générale, il y a assez peu de construction ou de rénovation de palais de justice de cette ampleur. L'élaboration d'une petite cité judiciaire à l'échelle de Lisieux, c'est quand même un événement peu banal. Et à l'échelle de ma carrière, c'est la première fois." C'est dans un bureau flambant neuf que la nouvelle procureure de la République de Lisieux, Delphine Mienniel, a pris ses fonctions au début du mois de septembre. Un nouveau départ pour la justice dans la cité lexovienne qui a longtemps fait figure de serpent de mer.

Le déménagement du tribunal à Lisieux, on en parle depuis près de 20 ans. Le palais épiscopal, jouxtant la cathédrale, est trahi par son âge en 1995. Avec la rupture d'une poutre maîtresse, le plafond d'un salon d'apparat s'effondre, sous le poids des scellés judiciaires stockés à l'étage supérieur. Cinq ans plus tard, dans la nuit du 8 au 9 mars, ce sont les flammes qui endommagent sérieusement la facade de ce bâtiment, érigé en 1850, et abritant la justice. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard, alors que l'ancien palais épiscopal est encore barré par des bâches, que le déménagement de la cité judiciaire est acté.

Vestige industriel

Le site choisi est celui d'un des vestiges de l'histoire industrielle de la ville, rue d'Orival, près de la gare. C'est là, en 1860, que Jean Fournet décide faire construire une des plus grandes manufactures de France pour la filature de lin et le tissage de toile cretonnes. Le bâtiment doit être reconstruit après un incendie survenu un an plus tard. Il est ensuite agrandi. A l'aube du XXe siècle, il couvre plus de 7 000 m2 de surface.

Le site connait une seconde vie en 1962. Huit ans plus tôt, l'activité textile s'est arrêtée. Désormais, on y fabriquera des piles sous la marque Wonder. L'entreprise connait une passe difficile au début des années 80. Les salariés croient voir en Bernard Tapie, qui rachète la société en 1984, l'homme providentiel. Mais un an plus tard, l'homme d'affaire ferme plusieurs usines, dont celle de Lisieux. 244 personnes se retrouvent sans emploi. Tout comme le site durant de nombreuses années.

Un site toxique ?

Si le déménagement est acté en 2010, le projet mettra encore dix ans à se concrétiser. En 2004, une étude a mis en lumière une pollution du site aux solvants et hydrocarbures. Les travaux réalisés par la suite s'avèrent insuffisants. Une nouvelle dépollution est entreprise en 2017. Un an plus tard, la réforme de la justice fait craindre une possible remise en cause du projet. Le tribunal de Lisieux est finalement maintenu. Les travaux peuvent démarrer.

Jusqu'au bout, l'histoire de cette nouvelle cité judiciaire aura été quelque peu mouvementée. L'ouverture programmée en juin 2020 doit être reportée en raison de la crise sanitaire. Le bâtiment est livré le 8 juillet. L'heure des cartons a enfin sonné. Mobilier, matériels divers puis enfin archives et papiers ont été acheminés jusqu'à la fin du mois de septembre dans ce bâtiment flambant neuf qui accueille le tribunal judiciaire, le tribunal de commerce et le conseil des prud'hommes qui étaient jadis "éclatés sur quatre sites différents", rappelle Marie-Pierre Rolland, la nouvelle présidente du tribunal judiciaire de Lisieux. "Le fait de regrouper les juridictions va créer un dynamisme des services", espère la magistrate.

Marche à blanc

Dans le bureau de Madame la procureur, on estime également que la configuration des lieu sera gage d'efficacité. "Dans l'ancien palais de justice, le secrétariat du procureur était deux étages en-dessous de son bureau ce qui compliquait beaucoup la communication", explique Delphine Mienniel, "Les bureaux des substituts entouraient celui du procureur mais la permanence se trouvait à l'autre bout du palais de justice.  (...) On va également être près des services du greffe ce qui n'était pas le cas auparavant. On va pouvoir très rapidement, en sortant de notre bureau, régler une situation, évoquer un problème."

Cette meilleure configuration s'accompagne d'une vaste salle des pas perdus et davantage de salles d'audience - sept au lieu de deux dans l'ancien tribunal - conformes aux dernières normes de sécurité. Ne restait plus qu'à s'approprier les lieux. "Nous avons fait, il y a une dizaine de jours, des entraînements, qu'on appelle des marches à blanc, pour tester notamment l'arrivée d'escortes", raconte Delphine Mienniel, "On a simulé un déferrement. Cela nous a permis de procéder à des réglages." La première audience aura lieu ce lundi 5 octobre. Une mise en service douceur pour le nouveau tribunal de Lisieux puisque les "anciens" sites continueront d'accueillir des audiences encore quelques jours.  


 
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