Météo en Normandie : ce début d'été pourri affame les abeilles

Avril fut glacial, mai, frais et humide, juin pas terrible et depuis début juillet c'est le gris qui domine. Quatre mois de météo catastrophique pour les abeilles qui n'ont pas grand chose à se mettre dans le jabot.

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"Cela fait douze ans que je suis apiculteur, je n'ai jamais vu ça. Et ceux qui ont des ruches depuis plus longtemps que moi, me disent la même chose". Jacques Hue est administrateur de l'ANC, l'Abeille Normande du Calvados, l'association qui regroupe à peu près la moitié des apiculteurs du Calvados. 550 adhérents, quasiment tous amateurs, qui n'en reviennent pas et qui s'inquiètent pour leurs colonies. Pourtant tout avait plutôt bien commencé...

Un printemps glacial et un début d'été pourri

A la sortie de l'hiver, les colonies étaient très populeuses, les reines avaient bien pondu. La fin mars assez chaude laissait présumer une belle récolte de printemps au mois de juin, et une belle récolte d'été fin juillet. Mais avril a commencé à faire déchanter les apiculteurs. Avec le gel, les abeilles n'ont pas pu sortir. Le mois de mai a été frais et humide, elles sont donc restées encore dans leurs ruches. La récolte de printemps a donc été quasi nulle. "Les seuls qui ont fait un peu de miel sont les apiculteurs qui vivent près de champs de colza, explique François Hue, mais ce n'est pas le meilleur des miels, il est assez plat, sans relief. Normalement au printemps on fait du miel d'aubépine ou toutes fleurs, avec les fleurs des arbres fruitiers, pommiers, poiriers, cerisiers... il est plus subtil, il a plus d'arômes."

 

Vous voyez aujourd'hui c'est tout gris, les abeilles ne sortent pas.

Jacques Hue, administrateur d'Abeille Normandie Calvados

 

Mais comme les colonies sont importantes, que les reines pondaient bien avec en moyenne 50 000 à 60 000 abeilles par ruche, les apiculteurs ont gardé espoir en se disant qu'ils allaient se rattraper sur le début d'été. Quelle désillusion,  "vous voyez aujourd'hui c'est tout gris, les abeilles ne sortent pas !" 

A peine de quoi se nourrir

A part quelques belles journées chaudes au mois de juin, ce début d'été est catastrophique pour les abeilles. "Elles sortent dès qu'il y a un peu de soleil et comme il y en a peu, elles  récoltent peu de nectar et vivent sur leurs réserves. Elles produisent juste assez pour se nourrir, mais pas assez pour que l'on puisse en récolter" s'inquiète Jacques Hue qui est installé dans le pays d'Auge. " La semaine dernière, il y a eu deux belles journées, elles ont produit trois kilos en deux jours, juste assez pour elles. Normalement les quinze premiers jours de juillet, je récolte deux kilos par jour !"

La pluie a noyé les fleurs, le vent les a fait tomber et, pour que le nectar sorte, les fleurs ont besoin de 20 degrés, une température que le thermomètre a du mal à atteindre depuis plusieurs semaines. Il n'y aura donc pas de récolte d'été, un miel de tilleul, de ronces, de châtaigniers. Mais le pire ce n'est pas la récolte, c'est la survie de ces abeilles.

François Vallée, qui veille sur les six ruches communales pédagogiques d'Epron, près de Caen, n'a jamais vu ça. "Non seulement, il n'y aura pas de récolte, mais on risque de perdre nos abeilles. On a eu énormément d'essaimages cet année. On a réussi à en récupérer mais franchement, c'est inquiétant." 

L'essaimage est le procédé naturel qui permet aux colonies de se dédoubler. Cela arrive lorsque la reine est trop vieille ou lorsque la colonie est trop populeuse et donc trop à l'étroit. Une partie des abeilles va donc partir avec la reine. C'est ce qui s'est passé au printemps : dans les ruches, il n'y avait pas assez de nourriture pour tout le monde, alors les colonies se sont divisées.

Le problème c'est que dans les ruches ne sont restées que des reines vierges et pour qu'elles se fassent féconder dehors par les mâles, il faut une température avoisinant au moins 17°C et un temps relativement clément avec peu de vent. Jusqu’à dix-huit mâles sont parfois nécessaires pour la fécondation d’une seule reine. Les fécondations ont donc eu lieu tard et comme il faut attendre 21 jours qu'une abeille naisse, puis encore 3 semaines pour qu'elle devienne butineuse, les nouvelles abeilles qui viennent de naître n'ont plus rien à manger car la saison est quasiment terminée. 

De l'eau et du sucre pour les aider

François Vallée est dépité : "D'habitude nous faisons une fête avec les habitants pour la récolte d'été et nous distribuons le miel. Cette année, ça n'aura pas lieu. Et il va falloir revoir à la baisse nos activités pédagogiques tout au long de l'année."

Car la priorité maintenant est de nourrir les colonies d'abeille avec de l'eau et du sucre pour qu'elles puissent faire des réserves de miel pour se nourrir cet hiver. La Normandie n'est pas la seule dans cette situation. A l'exception du tiers sud de la France, c'est la même situation pour tous les apiculteurs situés au nord de la Loire.

 

 

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