Il y a un siècle c'était l'unique espèce qui peuplait la France, aujourd'hui elle est menacée d'extinction. Mais l'abeille noire n'a pas fini de butiner et recolonise progressivement la nature grâce au travail d'un apiculteur normand.
Abdomen noir, thorax velu, tels sont les traits caractéristiques de l'abeille fétiche de Pierre Lemesle.
J'ai toujours été passionné par l'environnement, un jour j'ai vu un apiculteur au travail avec ses ruches…ça a été comme un déclic et je me suis lancé
Depuis novembre, le jeune apiculteur sillonne le Pays de Caux pour implanter chez les particuliers et les collectivités locales, des ruches de ces fameuses abeilles noires.
Elles sont typiquement Normandes car elles sont totalement adaptées à leur environnement. Par exemple la reine va démarrer sa ponte avec l'arrivée des beaux jours en Normandie début mars. C'est la seule race qui peuplait la France il y a un siècle avant que l'homme introduise de nouvelles sous espèces, pour des raisons de productivité. Elles sont menacées car elles ont tendance à s'hybrider avec d'autres races importées
Pierre et ses alliées ailées participent donc à la sauvegarde de la biodiversité dans la région. En quelques mois, il a installé 18 colonies d'abeilles dans les campagnes du Pays de Caux.
Je trouve que les abeilles doivent vivre dans un environnement propice, le toit d'un immeuble ne me semble pas propice... trop exposé au vent, les matériaux goudronnés peuvent dégager des éléments nocifs…ce n'est pas ma vision des choses…je préfère les voir ici dans un cadre naturel avec des éléments climatiques qui leur sont favorables
Pour que ses abeilles s'épanouissent, Pierre Lemesle veille sur tous les détails. Exposées au sud pour garantir une bonne température, les ruches sont systématiquement installées au milieu des arbres mellifères qui font également office d'écran végétal contre le vent.
Des conditions que l'apiculteur a trouvées à Saint-Martin-le-Gaillard où le maire a commandé trois colonies d'abeilles noires.
C'est pas du tout un effet de mode, c'est la continuité d'une action en faveur de la biodiversité que l'on mène sur notre territoire. Les habitants sont demandeurs de ce type de démarche !
Le maire devra débourser un peu plus de 2000 euros à l'installation, et 3000 euros par an pour l'entretien. A la clef de cet investissement la commune récupèrera une soixantaine de pots d'un miel aux qualités exceptionnelles.
Ce qui est intéressant pour les communes c'est d'avoir le miel de leur propre terroir. Le miel c'est un assemblage de chaque nectar, il est unique. D'une année à l'autre on a jamais le même, selon le climat qui va avoir un impact sur les végétaux mellifères...Le miel des grandes surfaces est l'un des produits les plus frelatés en France. Il vient de Chine, d'Ukraine, d'Espagne…pour avoir du bon miel il faut connaître l'apiculteur et ses pratiques
Depuis 2019, la région a lancé Apinoire, un programme de préservation de l'abeille noire. La société Apishera de Pierre Lemesle ne touche pas de subvention pour son action mais elle participe, à son échelle, à la bonne santé de ces polinisateurs. Des insectes à pied d'œuvre pour nos papilles et l'équilibre de notre écosystème.