"On peut traiter correctement les animaux et continuer à manger de la viande" Des éleveurs formés pour argumenter face aux vegans et antispécistes

Savoir se défendre face à l'argumentaire rodé des militants de la cause animale : tel était l'objet d'une journée de formation destinée aux éleveurs normands, mardi 24 septembre, organisée par la Confédération paysanne. Une manière de permettre aux agriculteurs normands de ne pas éviter le débat.

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"Êtes-vous pour ou contre la reconnaissance des animaux comme des personnes et non comme des choses ? L'abattage à la ferme améliore-t-il le bien-être animal ? Êtes-vous favorable à la viande de substitution ?" Ces questions, parmi d'autres, sont posées à des éleveurs normands par Julien Danlos, docteur en philosophie. L'objectif ? Générer une réflexion chez les agriculteurs et développer un arsenal de réponses aux arguments des militants antispécistes et véganes.

Sensibiliser les paysans aux théories antispécistes et véganes

Ce mardi 24 septembre, la Confédération paysanne organisait une journée de sensibilisation autour de la nébuleuse animaliste. "Les questions autour du bien-être animal et de l'abattage sont assez récurrentes auprès des paysans et des paysannes", explique Stéphane Galais, animateur de la Confédération paysanne. "On a donc voulu mettre en place cette formation pour expliquer les théories antispécistes qui alimentent le mouvement vegan, et puis comprendre ce qui se passe dans notre société. Pourquoi ce courant-là se développe-t-il ? D'où il vient ?"

Les animateurs de la session de sensibilisation ont d'abord travaillé autour de la théorie philosophique des défenseurs du mouvement antispéciste. "Ils disent s'inscrire dans un courant humaniste, dans le prolongement des luttes antiracistes, antisexistes. Pour eux, les espèces ne sont pas une raison suffisante pour faire de distinction de considération entre les animaux et les éleveurs", analyse Stéphane Galais.

"L'entrisme politique des animalistes est impressionnant !"

Autre but de la journée, donner aux agriculteurs des argumentaires pour répondre à des questions qui fâchent sur les pratiques de leur profession. Un appui bienvenu pour Emmanuel Marie, éleveur à Ouézy dans le Calvados. 

J'avais besoin de muscler mon propos sur la controverse animaliste. C'est un discours très cohérent, très construit qui peut parfois nous déstabiliser dans notre façon de penser, dans notre argumentaire. J'avais besoin de me former pour aller plus loin plutôt qu'utiliser la caricature "Defendez les paysans, mangez un vegan".

Emmanuel Marie, éleveur calvadosien

L'idée des formateurs de la Confédération paysanne, c'est de faire en sorte que ses militants et sympathisants n'évitent pas le débat, et ne perdent pas leur sang-froid dans une discussion avec un partisan des thèses animalistes. "Verbalement, il y a des échanges qui peuvent être musclés donc on peut désormais se défendre de manière objective sur ces sujets-là", explique Manon, éleveuse de chèvres à Granville. 

L'élevage paysan, une voie entre les animalistes et l'agriculture industrialisée

Dans cette journée de formation, les animateurs de la Confédération paysanne expliquent que "le véganisme est une réaction aux dérives de l'industrie, des productions et qu'entre l'industrie et l'absence totale de consommation de viande, il y a un monde". Selon eux, ce monde, c'est l'élevage paysan qui prend en considération le bien-être des animaux.

Il n'y a pas nécessité d'une binarité, il y a un chemin entre les deux. On les embête parce qu'on ouvre une troisième voie, une approche qui considère qu'on peut traiter correctement les animaux et en même temps continuer à manger de la viande.

Stéphane Galais, Confédération paysanne

"On est sensible au passage à la mort des animaux", avance Stéphen Bourelier, éleveur de volailles et de bovins dans le Bocage virois. "On travaille beaucoup autour de la souffrance et la mort. On peut ritualiser la mort des animaux, prendre en charge leur souffrance, et il n'y a pas de corrélation à faire entre les deux. On propose les abattoirs à la ferme dans des conditions d'abattage dignes, contrairement à l'industrie". 

Pour mettre en pratique ces enseignements,des agriculteurs normands ont regardé quelques jours plus tard le film Dans la peau d'un vegan, de Mathurin Peschet. À l’issue de cette projection, ils ont eu l'occasion de débattre avec des membres de L214, l'association de défense des animaux comme ressources alimentaires.

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