Concert de klaxons et opération escargot à Ouistreham : la taxe foncière met le feu aux poudres

Pour pallier l'absence de recettes du casino, le maire de Ouistreham a décidé d'augmenter la taxe foncière. Cette mesure suscite la fureur des habitants qui sont descendus dans la rue ce samedi.

"Tout le monde est en train de mourir et lui, il nous assassine ! Il y a Macron qui nous baisse d'un côté la taxe d'habitation et lui il nous augmente la taxe foncière ! Faut qu'il arrête ! Il ne faut pas qu'il tue sa population ! Et le pire, c'est que les gens ont revoté pour lui. C'est une honte !", fulmine une retraitée, casserole en main, à côté de son mari au volant. Un an à peine après sa réélection, le maire de Ouistreham, Romain Bail, fait descendre ses administrés dans la rue.

Plus d'une centaine de véhicules ont défilé ce samedi dans les rues de Ouistreham dans un concert assourdissant de klaxons. Les cyclistes n'étaient pas en reste, faisant sonner des cloches dans le cortège parti du casino pour rallier la mairie. 

Déjà l'an dernier

Ce n'est pas la première fois que le maire annonce une augmentation de la taxe foncière. Après avoir renoncé l'an dernier, le maire revient ce printemps à la charge fiscale en souhaitant augmenter la part communale de 70%. Le sujet était au coeur des débats du précédent conseil municipal, le 29 mars dernier, et sera à l'ordre du jour du suivant, ce lundi 12 avril. 

Si l'opposition municipale a eu l'occasion d'exprimer son désaccord lors de ces réunions, les habitants, eux, doivent se rabattre sur la rue pour faire entendre leurs voix, le contexte sanitaire imposant le huis-clos pour les conseils municipaux. "C'est infâme, c'est beaucoup trop ! On est masscré d'impôts. Dans cette période où tout le monde fait attention et tout le monde est en colère, il ne faut quand même pas prendre des décisions à la légère comme ça. C'est inadmissible. Monsieur Romain Bail, révisez vos projets !", lance un manifestant.

"On ne gagne pas ça tous les jours"

Selon les estimations, l'augmentation devrait avoisiner les 400 euros, au minimum. "On a déjà 1400 euros de taxe d'habitation. C'est trop. On ne gagne pas ça tous les jours", indique un habitant. "Il y a des gens qui vont aller jusqu'à 1500 ou 2000 euros", souligne un autre, désignant certaines résidences secondaires aux volets encore clos. "Ça va leur faire tout drôle quand ils vont revenir."

Pour justifier cette flambée de la taxe foncière, Romain Bail explique qu' "il manque 2,5 millions d'euros dans les caisses", un trou dû à la baisse d'un certain nombre de recettes, à commencer par celle du casino, à l'arrêt depuis plusieurs mois en raison de la crise sanitaire, qui contribue à hauteur de 15% au budget de la ville.

Stopper les investissements ?

L'argument peine à convaincre les manifestants. "Aujourd'hui c'est le casino, demain ça peut être le ferry et après-demain les restaurants. On ne va jamais en finir ! Il n'a qu'à faire attention à ses dépenses, point final", peste un automobiliste. "Ailleurs aussi il y a des casinos, des usines qui ne fonctionnent pas et on fait avec, on s'en arrange", plaide un habitant. "Il faut prioriser les dépenses de fonctionnement de la commune et stopper un peu les investissements si n n'a pas d'argent pour les financer", affirme une manifestante à vélo.

durée de la vidéo : 00h01mn48s

Si l'activité économique redémarre et permet à la Ville de renouer avec l'équilibre financier, le maire pourrait, pour autant, ne pas faire machine arrière. "Demain, le budget doit être construit de telle manière à ce que nous assurions les services publics avec l'apport qu'est celui de la fiscalité", plaide Romain Bail, qui souhaite en finir avec la dépendance financière de sa commune à l'activité du casino.

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Normandie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité