Ils sont en colère. Un jour d'ouverture, ils n'ont jamais vu ça. Les pêcheurs à la coquille Saint-Jacques de Port-en-Bessin sont revenus ce lundi 1er octobre avec des bateaux à moitié vides. Au large, il n'y a plus rien à gratter, "les Anglais ont déjà tout ramassé". Demain, ils ne repartiront pas.
L'ambiance est électrique ce lundi 1er octobre sur les quais de Port-en-Bessin. Le premier bateau à être rentré de sa pêche à la coquille est Le Vilou. A bord, son équipe a les traits tirés, la tête des mauvais jours.
360 kg en 12 heures contre une tonne en 2 heures d'habitude
VIDEO <<< FRANCE3 NORMANDIE avec le témoignage des pêcheurs de Port-en-Bessin désabusés et inquiets . Ils ont ramené au terme de cette première journée 5 fois moins de marchandises :
Après 12 heures de pêche, les hommes du Vilou vont débarquer 360 kilos, soit à peu près 9 caisses : une misère !
"D'habitude on fait le quota en 2 heures, c'est à dire une tonne en 2 heures!"
Effectivement le rendement cette année est catastrophique, et si on doit rajouter à cela le prix du gasoil pour faire tourner le bateau, l'affaire n'a rien de rentable. Demain, mardi 2 octobre, les bateaux ne repartiront pas de Port-en-Bessin pour aller pêcher au-delà des 12 milles, au large de la baie de Seine. Ils sont une vingtaine dans ce port du Calvados.
Les bateaux vont être réarmés pour le poisson : "La coquille, on verra après."
Au-delà des 12 milles, les Anglais pêchent depuis la fin de l'été
Cette ouverture du 1er octobre concerne la zone la plus au large, au Nord de la Normandie, tout à l'ouest de Dieppe, celle dite"au-delà des 12 milles."La zone même où la bataille navale entre français et britanniques fait rage depuis la fin de l'été : ces derniers ne sont pas soumis au respect de cette réglementation -française- et depuis plusieurs semaines ,déjà, de gros bateaux anglais ou écossais raclent les fonds.
"Guerre de la coquille Saint-Jacques" : les pêcheurs normands et anglais s'affrontent en mer !
Une quarantaine de pêcheurs normands est partie très tôt en mer le 28 août 2018. Leur objectif ? Aller à la rencontre de leurs homologues anglais pour leur exprimer leur mécontentement au sujet de la pêche à la coquille Saint-Jacques. Une rencontre qui a dégénéré en bataille navale.
Ifremer annonçait pourtant la semaine dernière un gisement exceptionnel mais avec deux bémols : deux zones sont fermées à cause des algues ( voir ci-dessous) et les plus riches en coquilles sont en-dessous des 12 milles (et elles ne sont pas encore ouvertes. Il faut attendre le 1er décembre).
"Ils ont tout pris !", c'est la phrase qui se répète en boucle à Port-En-Bessin ce lundi 1er octobre 2018, au retour de la première journée de pêche.
Selon thierry Lefrançois, rencontré sur son bateau, il n'y en a plus car tout a déjà été pêché :
"c'est une catastrophe, ils ont tout raflé. On peut dire merci aux anglais. On se croirait au mois de mai un jour de fermeture. Y'a plus rien."
Une eau chaude
Mais il y a aussi les aléas de la météo. Avec cet ensoleillement exceptionnel, l'eau est encore chaude en ce début d'automne. Aussi, deux zones sont restées fermées à cause d'algues vertes (dinophysis) qui risquent de rendre les coquilles toxiques.
En attendant l'ouverture en Baie de Seine, le 1er décembre
Autant de déboire, qui font de cette "ouverture, une très mauvaise année. Les prix vont flamber sur les marchés. Et la coquille va être rare jusqu'à l'ouverture en Baie de Seine, prévue le 1er décembre. Beaucoup, à Port-en-Bessin, attendent des autorités un geste pour une ouverture dès le 15 novembre.