Ce résistant français a dirigé les 177 fusiliers marins des Forces françaises libres qui ont débarqué à la plage de Sword le 6 juin 1944. Honorés aujourd'hui, ces héros ont longtemps été des oubliés de l'Histoire.
Le résistant Philippe Kieffer est de retour à Ouistreham, la ville qu'il a contribué à libérer avec les 177 fusiliers marins français de son commando. La cité portuaire du Calvados a honoré leur mémoire en inaugurant jeudi 6 juin 2019 une statue de Philippe Kieffer (1899-1962). La statue en granit a été érigée en bord de mer, en face de "La Flamme", une sculpture sur laquelle sont gravés les noms des 177 membres du commando Kieffer, intégré au Royal Marine Commando N° 4.
La cérémonie a été émouvante. Dominique Kieffer, fille du capitaine de frégate, a dit "son énorme émotion" de voir son père "rejoindre Lord Lovat sur cette plage qui a vu tant de sang versé". "Salut papa!", a-t-elle lancé la voix tremblante. La cérémonie a eu lieu en présence de commandos de marine français, de soldats britanniques et de vétérans, en particulier Léon Gautier, âgé de 21 ans lors du Débarquement et l'un des trois derniers survivants du commando Kieffer, qui a été longuement applaudi par la foule.
Dix hommes tués le 6 juin
Longtemps ces Français, les seuls en uniforme à participer au D-Day sur les côtes normandes, ont été oubliés par l'Histoire. "Maintenant on parle beaucoup d'eux, tous les Normands les connaissent mais c'est vrai qu'ils ont été reconnus tardivement, ils ont eu la légion d'honneur tardivement", a expliqué Mme Kieffer. Certains survivants du commando n'ont reçu la Légion d'honneur qu'en 2004, lors des cérémonies du 60e anniversaire, sur la plage de Ouistreham.Pourtant, sur la plage de Sword, Kieffer et ses hommes ont payé leur engagement de leur sang. Deux officiers et huit hommes sont tués sur la plage de Sword. En fin de journée, ils parviennent à effectuer la jonction avec les parachutistes britanniques qui se sont emparés du pont de Bénouville.
"Ils n'avaient pas besoin d'être reconnus"
Philippe Kieffer "venait sur les plages avec ses compagnons d'armes : ils venaient faire leur propre mémoire ici et c'est tout, ils n'avaient pas besoin d'être reconnus", a expliqué Dominique Kieffer. "Mon père en plus était quelqu'un de très humble." "Au début quand ils ont débarqué, la population les a même pris pour des Canadiens comme ils parlaient français", a-t-elle ajouté. "Maintenant c'est réparé, il faut oublier tout ça et repartir sur de nouvelles bases pour que la jeunesse puisse perpétuer leur souvenir. C'est le plus important."Le président français Emmanuel Macron, qui s'est entretenu jeudi matin avec Léon Gautier, doit présider à 16h30, à Colleville-Montgomery (Calvados), une cérémonie en l'honneur des 177 Français du commando Kieffer.