Une trentaine de personnes se sont retroussées les manches ce samedi matin pour nettoyer la plage de Langrune-sur-Mer, une commune qui a signé l'an dernier la charte "Une plage sans déchet sans déchet plastique".
Polystyrène, sacs plastiques, gourdes d'enfants, Brigitte extrait d'un sac poubelle tout ce qu'elle a ramassé ce samedi matin sur la plage. Et un sentiment de colère et de d'écoeurement l'envahit. "Ça ne me surpend plus. Les gens, maintenant, viennent sur les plages, laissent leurs déchets, ne prennent pas de sac. C'est incroyable. On vit comme ça. Du déchet, du déchet, du déchet." Un comportement bien loin de celui auquel s'astrient quaotidiennement la quinquagénaire. "Moi, je fais de la randonnée, j'emmène des gants et un sac, et je ramasse. Sans arret. Tous les matins, j'en ramasse." Et ce samedi, elle est venue répondre à l'appel de la commune de Langrune-sur-Mer.
Comme chaque année, une opération de ramassage des déchets en tout genre est lancée. D'ordinaire, c'est le conseil des jeunes qui l'organise. En raison de la crise sanitaire, l'instance n'a pas encore pu être installée. C'est la municipalité qui a pris le relais. Avec comme toujours le soutien de la Maison de la nature de Sallenelles qui fournit gants et pinces aux bénévoles. Une trentaine de personnes étaient au rendez-vous lancé la semaine dernière. "L'objectif, c'est à la fois de sensibiliser les gens aux déchets qui se trouvent sur la plage et de les ramasser", explique Franck Jouy, premier adjoint en charge du développement durable.
La sensibilisation et le nettoyage, sont deux des domaines d'action (le troisième étant la prévention) définis par la charte "Une plage sans déchet plastique". Lancée l'été dernier par le ministère de la transition écologique et solidaire, elle liste une quinzaine d'actions à mener sur les plages. En retour, les communes obtiennent un label "Plage sans plastique" en fonction du nombre d'engagement respectés (niveau 1 pour 5 engagements, niveau 2 pour 10 engagements, niveau 3 pour la totalité). Langrune-sur-Mer y a adhéré en septembre dernier. "On a mis en place des bacs à marée, on communique à ce sujet-là et puis on ramasse régulièrement, avec la commune ou la communuaté de communes, les déchets plastiques qui sont sur la plage", indique Franck Jouy.
Et le chemin semble encore long. "Il y aurait surement une éducation à faire pour que les gens se sentent tous concernés", estime une bénévole, "Je ne sais pas comment on peut le faire mais il faut qu'on y arrive. Je suis sûr qu'il y en a qui ne se rende pas compte que les mégots ne sont pas biodégradables." Si ce type de déchets met quelques années à disparaître, d'autres à base de plastique sont bien plus long à éliminer : plusieurs siècles pour les sacs et bouteilles. "On peut vivre bien en faisant attention, ce n'est pas forcément une corvée."? 80% des déchets marins proviennent de la terre.
— Brune Poirson (@brunepoirson) August 5, 2019
✅ Avec la charte que le @Min_Ecologie met aujourd’hui à la disposition des communes du littoral, elles pourront prendre jusqu’à 15 engagements pour conserver leur #PlageSansDechetsPlastiques pic.twitter.com/pa1ICLxBXD
Les microplastiques : "un problème majeur"
Le cehemin est long. Et difficile. "La majeure partie des déchets qu'on ramasse, ce sont des micro-déchets. On ne peut même plus les ramasser à la pince, on est obligé de les ramasser à la main", explique Franck Leroyer, conseiller municipal de Langrune-sur-Mer, "Ce sont de tout pêtits bouts de plastique qui font parfois pas plus de 5 mm de diamètre." Ces billes, issues de la fragmentation des déchets plastisques dans l'océan, constituent un danger à la fois pour la nature mais aussi pour l'homme. Elles sont facilement ingérables par la faune et contaminent ainsi toute la chaîne alimentaire. "C'est un problème majeur aujourd'hui qui va se développer de plus en plus si on ne fait pas un effort considérable sur la protection de nos plages et de nos mers."Avec la crise sanitaire, d'autres déchets ont fait leur apparition dans la nature, de nouveaux déchets à "l'espérance de vie" très longue. Ainsi, les masques chirurgicaux jetables sont fabriqués avec des « non tissés polypropylènes », des textiles issus du pétrole aux propriétés intéressantes pour la filtration grâce à l’électricité statique, mais qui comme les lingettes, les couches et autres serviettes mettront près de 450 ans pour disparaitre. Alors que les grandes vacances commencent, la commune souhaite aussi faire passer le message aux estivants. "On souhaite que les vacanciers prennent conscience que nous faisons des efforts pour maintenir une plage propre et que eux aussi doivent garder leurs déchets, les mettre dans les bacs à marée ou les poubelles", souligne le premier adjoint au développement durable de Langrune-sur-Mer.
La commune organisera le 12 septembre prochain avec ses voisines de la côte de Nacre, "de Luc à Courseulles", une nouvelle opération plage propre.