A l'heure des moissons, les busards, et plus encore leurs bébés, qui nichent dans les champs sont en danger. En Normandie, un dispositif unique en France a été mis en place pour les protéger.
Ne vous avisez surtout pas d'approcher du nid ! Au-dessus des épis de blé, la maman veille et pourrait immédiatment fondre en piqué sur le premier importun venu. Le busard est un chasseur et sa présence l'été dans la région permet de réguler la population de musraignes et campagnols dans les champs. Mais à l'heure des moissons, le petit rapace se retrouve vite impuissant face à des monstres d'acier autrement plus imposants. C'est là qu'intervient depuis quelques années maintenant le groupe ornithologique normand (GONm).
C'est dans les champs de blé et d'orge que les busards viennent nicher et y couver leurs petits. Il faut compter une trentaine de jours après l'éclosion pour qu'un busard saint martin puisse voler de ses propres ailes. Or, cette période correspond bien souvent aux ballets des moissonneuses batteuses. Le Gonm installe donc des petits enclos pour protéger le foyer des petits rapaces. "Les jeunes vont grandir dans une cage-traineau, la femelle arrive au-dessus et leur balance des proies ou des petits bouts de mulot", explique James Jean-baptiste, ornithologue, "et les petits grandissent sans se ballader, sans se faire moissonner si la moissonneuse arrive parce qu'à cet âge-là, ils sont capables de se balader un peu partout."
On estime à 300 couples le nombre de busard résidant l'été en Normandie. Ce dispositif, unique en France, est mis en place dans les cinq départements et bénéficie du soutien officiel de la Dreal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) de Normandie et des directions départementales du territoire concernées. Il permet de respecter les demandes européennes de protection des espèces et est plutôt bien accepté par les agriculteurs. La perte est minime côté culture et pourrait être plus lourde en cas de destruction d'un nid (gel des aides de la PAC, amende pouvant aller jusqu'à 150 000 euros). Seuls certains chasseurs s'en plaindraient, au motif que le busard mangerait tout le gibier. Ce que contestent les ornithologues.
Pour les bénévoles du groupe ornithologique normand, le travail commence bien avant l'été, dès le printemps. Car avant d'installer les enclos, il faut d'abord repérer les oiseaux et leurs nids. L'an prochain, ce travail de recensement pourrait être facilité par l'utilisation d'un drone. Cette année, dans la plaine de Caen, 18 nids ont été localisés par le Gonm.