Une victoire d'étape et un excellent contre-la-montre sur le Tour de France ont réussi à placer Kévin Vauquelin sur l'échiquier du cyclisme mondial. Alors qu'il reste encore six jours de course, le Normand d'Arkéa B&B Hotels profite de sa nouvelle notoriété.
Kévin Vauquelin n'a pas changé, et pourtant, ce n'est plus le même homme. Vainqueur dès le deuxième jour de course pour sa première participation au Tour de France, le Calvadosien s'est révélé aux yeux des suiveurs du cyclisme du monde entier.
Des encouragements du public aux félicitations du peloton
Dans le paddock, au village départ, sur le bord des routes, il est devenu un coureur très convoité. "C'est sûr qu'il y a eu du changement au niveau de ma notoriété, reconnaît-il. Le Tour de France, c'est la vitrine du cyclisme. C'est vrai que je suis un peu plus amené à devoir signer des autographes et prendre des photos".
S'il entend bien plus souvent des "Allez Kévin", ou aperçoit davantage son nom écrit à la craie sur les routes, Kévin Vauquelin apprécie surtout la reconnaissance de ses pairs. Sa victoire à Bologne et sa superbe performance sur le contre-la-montre de Bourgogne (6e) ont bouleversé la perception de ses adversaires sur ses qualités.
Quand on vient te dire bonjour ou te féliciter dans le peloton. Quand ce sont des mecs comme Mas, Pogačar ou Vingegaard qui viennent te féliciter, ça fait énormément plaisir. C'est quelques mots, mais ce sont des mots qui comptent.
Kévin Vauquelin, coureur Arkéa BB Hotels
Le Normand n'est plus simplement "le jeune gars de chez Arkéa", comme le disait Mads Pedersen il y a dix jours encore. Désormais, au sein du peloton, il est reconnu, voire redouté. "On me rapporte que mon nom ressort au briefing de certaines équipes, c'est gratifiant". Pour autant, Kévin Vauquelin garde les pieds sur terre. "Je suis encore en découverte, j'ai encore des paliers à franchir".
La patience et la prudence
94e au général à plus de trois heures du maillot jaune Tadej Pogačar, le Bayeusain prend aussi soin de ménager sa monture. "Il y a un très gros niveau au Tour de France, on le voit bien avec les écarts à l'arrivée. Si on commence à vouloir courir partout, on ne sera nulle part. Je préfère récupérer pour pouvoir prendre quelques échappées si possible".
Raúl García Pierna et Kévin Vauquelin échappés sur la première étape des Pyrénées ! 🏔
— ARKEA-B&B HOTELS (@arkeabbhotels) July 13, 2024
Première difficulté dans quelques kilomètres : le Tourmalet. 😈#TDF2024 pic.twitter.com/kF5ndN8Ojo
Alors, en montagne, il ne force pas pour s'accrocher au train à grande vitesse des cadors. "Au début j'essaie de prendre l'échappée. Si ça ne marche pas et que je suis plus à l'arrière, je me mets en mode récupération. C'est surtout mental quand on est dans un gruppetto. On est un peu dans les intensités que l'on a en stage d'altitude. Il faut prendre ça comme un entraînement, un palier à passer. C'est aussi du travail".
L'an dernier, pour son premier grand tour en Espagne, il avait dû abandonner alors qu'il avait entamé la course diminué et qu'il avait chuté à plusieurs reprises. Fort de cette (mauvaise) expérience, il se préserve donc, quitte à être frustré.
D'un coté c'est un peu désagréable (de se laisser décramponner du groupe des favoris), parce qu'on subi, mais après, c'est aussi le but du jeu pour pourquoi pas gagner des étapes. Tous les anciens me disent de faire ça, je préfère les écouter, même si je suis frustré parfois.
Kévin Vauquelin, coureur Arkéa B&B Hotels
Même s'il constate qu'il a "un peu les pattes défoncées", Kévin Vauquelin va bien physiquement. Il entend avant tout boucler son premier Tour en un seul morceau, car sa participation aux JO de Paris trotte dans un coin de sa tête. Il avoue d'ailleurs volontiers que cette perspective olympique "change légèrement" sa manière de courir au quotidien.
Face aux risques accrus de chutes inhérents à la fatigue croissante du peloton, il déclare être "beaucoup plus vigilant. J'évite de prendre des risques, ce serait bête de gâcher des JO sur une chute, même si on ne contrôle pas toujours tout. Des fois, on va me voir prendre des cassures sur les sprints, ou perdre du temps dans les descentes".
Pas question de prendre des risques inconsidérés alors qu'une telle échéance se profile dans moins de 15 jours. Toutefois, il n'est pas impossible qu'on le voit à nouveau à l'avant de la course d'ici à la fin de la Grande Boucle. "Je verrai comment j'aurai récupéré, et je vais cocher quelques étapes". On n'a peut-être pas fini d'entendre parler de Kévin Vauquelin sur ce Tour de France 2024...