Dans une ferme située à proximité de Villers-Bocage dans le Calvados, des animaux seraient laissés à l’abandon et de nombreuses carcasses auraient été retrouvées sur place. L'association Stéphane Lamart pour la protection des animaux dit avoir reçu plusieurs signalements et a alerté la justice.
Des dizaines d’ossements sur le sol d’une étable, des vaches décédées et dans un état de décomposition avancé, des cadavres de volailles… D’après plusieurs témoignages, une ferme serait laissée à l’abandon sur la commune des Loges, village du Calvados d’environ 150 habitants.
L’association Stéphane Lamart, reconnue au niveau national pour la protection des animaux, confirme avoir reçu plusieurs signalements.
On est assaillis d’appels anonymes. Tous nous implorent d’intervenir [...] Ils évoquent une "ferme de l’horreur".
Stéphane LamartPrésident et fondateur de l'association Stéphane Lamart
L’association confie avoir reçu plusieurs photos qui auraient été prises au sein de l’établissement. "On ne connait pas leur provenance ni comment elles ont été prises", assure le président.
Sur ces clichés, que nous avons pu consulter, on peut voir de nombreux ossements sur de la paille, une vache éventrée ainsi que des chiens marchant sur un sol jonché de déchets.
"En 23 ans à la tête de l’association, je n’avais encore jamais vu ce genre de scènes au sein d’une ferme", confie Stéphane Lamart, fondateur de l’association. "C’est un niveau supérieur dans la cruauté."
Le défenseur de la cause animale envisage plusieurs hypothèses : "Soit le propriétaire est dans le déni, soit il s’agit d’un délaissement volontaire des animaux, soit il n’a plus les moyens et auquel cas, il peut faire appel à des associations."
Le témoignage d’un enquêteur bénévole
L'un des membres de l'association s'est rendu sur place. Contacté par téléphone, il souhaite rester anonyme mais raconte avoir aperçu six chiens, deux seraient âgés de seulement quelques mois. "Ils crèvent la dalle, ils sont rachitiques", souffle-t-il.
À l’extérieur, le bénévole a compté au moins huit vaches, dont des veaux. "Les bestiaux mangent de l’herbe. Ils sont livrés à eux-mêmes…" Il dit être en possession de photos montrant de nombreux ossements, comme les signalements l’indiquaient. "Il y avait aussi une vache éventrée avec des vers et des chiots qui mangeaient dessus."
Face à "l’horreur", celui qui est enquêteur depuis 3 ans peine parfois à trouver ses mots.
C’est la première fois que je vois un charnier comme ça… J’espère ne jamais retrouver ça.
Un enquêteur bénévole
L’enquêteur aurait par ailleurs essuyé un refus de dépôt de plainte à la gendarmerie de Villers-Bocage, au motif que les photos présentées sont d'un auteur inconnu, non datées et prises sur une propriété privée. Des gendarmes se seraient toutefois rendus sur place par la suite pour constater les faits.
Une enquête en cours
L’association Stéphane Lamart indique avoir saisi la direction départementale de protection des populations (DDPP), il y a plus d’un mois.
Vendredi 21 avril, un mail a été adressé au procureur de la République de Caen. L'association indique avoir également déposé plainte directement auprès du procureur, via un courrier.
Contacté, le parquet nous indique que "cette procédure a été transmise en enquête dès réception du signalement", sans donner davantage d’informations.
"Il faut vraiment que l’État intervienne rapidement pour saisir les animaux restants et les mettre à l'abri", répète Stéphane Lamart. L’association possède deux refuges en Normandie et se dit prête à prendre en charge une partie des animaux de cette ferme.