Après s'être séparé de près de 300 magasins de petite et moyenne surface l'an dernier, le groupe Carrefour poursuit sa "réorganisation" et s'attaque maintenant aux hypermarchés. Une dizaine de magasins vont perdre des postes en Normandie.
Le 12 mars dernier, la CGT du Calvados organisait une action de sensibilisation des clients et des personnels du Carrefour de Mondeville. Quelques semaines plus tôt, la direction du groupe de la grande distribution avait présenté les grandes lignes de son projet de réorganisation des hypermarchés, avec notamment le développement des caisses automatiques et des rayons en libre-service. Sans détailler les conséquences sociales. C'est lors du comité central d'entreprise, organisé ce mercredi et ce jeudi, que la direction a abordé ce sujet sensible : 1200 postes doivent disparaître dans les hypermarchés en 2019 dans le non-alimentaire.
Sur les 1200 postes condamnés à disparaître, 521 sont des postes d'encadrement de niveaux 7 et 8 (le directeur d'un magasin étant de niveau 9). Concernant cette "population", la direction n'a donné aucun détail concernant la localisation des postes supprimés. "Tout ce qu'on sait, c'est que les ressources humaines, les managers qui ont un métier professionnel, comme les métiers de bouche, et les stagiaires managers ne sont pas concernés", explique Nadine Tillaut, de la CFDT.
Plus de bijouterie d'ici 2020
En revanche, la réorganisation (voire la disparition) de certaines activités voulue par la direction du groupe permet d'avoir un chiffrage plus précis pour d'autres types de postes. Ainsi, d'ici 2020, "au plus tard", le rayon bijouterie aura totalement disparu des hypermarchés Carrefour. Par exemple, la bijouterie fermera en août prochain à Mondeville et en septembre à Barentin et à Evreux. Les stations-service vont, elles, passer au tout automatique. Les rayons multimédia et petit-électroménager n'auront plus de vendeurs.Enfin, l'activité "coffre" (traitement des recettes, des bons de réduction, des tickets perdus, contrôle des fonds de caisse) représentera bientôt 5 heures de travail par jour contre 10 à 12 heures jusqu'à présent. Ces différents changements vont bien évidemment entrainer des suppressions de postes dans tout el France, notamment en Normandie:
- Cherbourg: 4 postes
- Mondeville : 6 postes
- Hérouville : 1 poste
- Alençon : 2 postes
- Barentin: 3 postes
- Gruchet-le-Valasse: 1 poste
- Mont-Saint-Aignan: 4 postes
- Evreux : 5 postes
- Tourville-la-Rivière: 5 postes
"Très inquiétant pour l'avenir"
"On parle de suppression de postes et non pas de licenciement", précise Nadine Tillaut, de la CFDT. La direction de Carrefour souhaite négocier avec les organisations syndicales un accord de rupture conventionnelle collective (RCC). Issu de la dernière réforme du code du travail, ce dispositif permet de supprimer des postes via des départs volontaires, sans justification économique. Les négociation n'en sont qu'au tout début. Or, note Nadine Tillaut, "les premiers projets (de réorganisation) vont être mis en place dès le mois de mai. On met la charrue avant les boeufs."La représentante syndicale y voit "une remise en question du groupe" et estime que "c'est très très inquiétant pour l'avenir." Pour qu'un acord de RCC soit adopté, il doit être signé par des syndicats représentant au moins 50% du personnel.En début d'année dernière, le patron de Carrefour, Alexandre Bompard a présenté un "plan de transformation à l'horizon 2022" du géant de la distribution. L'une des premières mesures a consisté à se "séparer" de 273 magasins. En Normandie, 13 magasins ont fermé leurs portes en 2018.