Le nom de ces soldats résonne encore aujourd'hui à travers les noms de rues ou d'écoles en Normandie. Mais qui étaient Thomas Dry Howie, Yvan Siboni, Ted Eaglen, Francis Mouchet, Gilbert Boulanger ? Voici leur histoire :
Qui était le major Howie, le major de Saint-Lô ?
Le major Howie est resté dans les mémoires comme le major de Saint-Lô. Une place et un rond-point portent son nom.
Howie est décédé quelques heures avant la libération de la ville. A cette époque, il n'était qu'un officier parmi d'autres, qui n'a pas eu le temps de prouver sa valeur au combat. Jusqu'en 1941, Thomas Dry Howie n'était qu'un simple professeur d'anglais d'une école militaire en Virginie. Il a déjà 36 ans quand il débarque le 6 juin au sein de l'état major mais son histoire va s'écrire en quelques heures, le 17 juillet. A la tête de son bataillon, il s'apprête à libérer Saint-Lô
Thomas Howie est mortellement touché par un éclat. Quand les troupes prennent finalement la ville, son corps suivra, posé sur une jeep.Son commandant lui demande, Tom, pouvez-vous attaquer seul. Tom répond bien sûr, rendez-vous à Saint-Lô. Deux minutes plus tard, il convoque ses officiers et en même temps les allemands lancent un barrage de mortier et d'artillerie sur le carrefour.
Immortalisé par les photographes dans les décombres de l'église Saint-Croix, l'image de sa dépouille fera la une des journaux ... qui lui donneront son surnom posthume de major de Saint Lô.
Qui est Ted Eaglen, l'un des premiers soldats du jour J ?
Le parachutiste britannique, Ted Eaglen est l'un des premiers soldats du jour J. Aux toutes premières heures du 6 juin, parrallèlement aux planeurs du Major Howard, il est parachuté à Touffreville pour préparer les opérations du DDay.
A travers la plaine, un long ruban de terre mène aujourd'hui au village de Touffreville. La rue Ted Eaglen ne dit pas grand chose des combats du Débarquement. C'est pourtant bien dans un arbre du bourg que débuta l'aventure pour le volontaire britannique. Eclaireur parachutiste, dans la nuit du 5 au 6 juin, à peine a-t-il mis le pied en Normandie qu'il évite le pire.
Il suivait deux autres soldats qui tournaient à gauche, il a tourné à droite. Les deux autres ont été tués par les allemands.
Il est arrivé avec une quinzaine de soldats dont la mission était de baliser les zones d'atterissage pour les parachutistes, Marc Worthington
Conservateur du mémorial Pegasus
Non loin du fameux pont de Pegasus, il participe à la destruction de trois ponts et sur la crête de Bavent empêche l'arrivée des renforts allemands. Sa guerre l'emmenera jusqu'en Allemagne. il y sera gravement blessé.
Devenu chauffeur de bus, Ted Eaglen ne reviendra en Normandie qu'en 1989. Citoyen d'honneur de la commune de Touffreville, il y retournera souvent jusqu'à son dècès en 2015.
Qui était Francis Mouchet ?
Dans le département de l'Eure, la petite commune de Conteville abrite depuis 5 ans l'école Francis Mouchet. Un nom à travers lequel résonne la mémoire des 3 000 belges engagés dans la brigade Piron pour la libération de la côte fleurie.
En 1944, Francis Mouchet, soldat belge d'à peine 19 ans, rejoint la Grande-Bretagne après s'être évadé d'un camp de travail en Norvège.
Il y rejoint la brigade Piron et avec elle débarque, début août, en Normandie, avec pour mission d'avancer vers la Seine.
Son destin basculera le 26 août aux abord d'un pont sur la Risle. Après la liberation de Honfleur, la brigade avance mais à Foulbec elle tombe sur les allemands, bien installés sur les hauteurs. Trois soldats sont touchés. Francis Mouchet, qui n'est pourtant qu'un opérateur radio, va spontanément à leur secours. Il sera le dernier soldat belge tué en mission en Normandie. Son corps sera rapatrié et inhumé sur la commune voisine de Conteville où il continue à être honoré en héros.
Qui était Gilbert Boulanger ?
Aux abords de l'école de Courseulles-sur-mer, une alouette marque de son empreinte l'école Gilbert Boulanger. Un oiseau totem de l'escadrille du québecois. Volontaire 4 ans plus tôt, à 18 ans, Gilbert Boulanger a rejoint l'aviation royale canadienne comme mitrailleur de queue.
Il participe aux actions en Afrique du Nord, survit miraculeusement à un crash en Tunisie, bombarde l'Italie et l'Allemagne.
Le 6 juin, il est déjà en fin de carrière et vient d'épouser un mois plus tôt Mary, une télégraphiste rencontrée à Londres.
En 1944 le canadien n'a pas mis un pied en Normandie. Il s'est contenté de la survoler, bombardant les batteries d'Houlgate puis Coutances.
Après guerre, il deviendra pilote et consacrera sa vie à l'aviation civile.
Jusqu'à son décès en 2013, il était fier qu'une école française porte son nom, regrettant que pas même une maudite cabane à sucre ne le soit dans son propre pays.
Qui était Yvan Siboni ?
A Lonrai, au nord d'Alençon (61), la rue Yvan Siboni a été baptisée en 2018 en l'honneur de cet artilleur français de la division Leclerc.Pourtant, l'homme n'y a jamais combattu.
En bordure de nationale, c'est une petite allée de zone industrielle qui jouxte une stèle en mémoire à Guy Levi, l'homme tombé pour la libération de la commune. La rue Yvan Siboni rappelle la mémoire des gars de la deuxième division blindée du général Leclerc.
Né à Constantine en 1925 c'est en Afrique du Nord, à 18 ans qu' Yvan Siboni s'engage comme artilleur. Il rejoint la 2ème DB et débarque début aout en normandie. Il connait ses premiers combats avec la prise d'Alençon mais paradoxalement, ne participe pas à celle du village de Lonrai. Après la bataille de l'Orne, il participera à la libération de Paris puis de Strasbourg. Hasard des rencontres et des liens tissés, c'est finalement cette petite commune de l'Orne qui choisira de lui rendre hommage après son décès en 2017.