Quatre associations d'usagers du train normand tapent du poing sur la table. Elles dénoncent des "conditions de voyage intolérables" depuis plusieurs semaines et réclament des indemnisations pour les abonnés. Elles invitent ces derniers à prendre le plus de réservations possibles, même les jours où ils ne circulent pas.
"Ça fait plus d'une semaine qu'il n'y a pas un matin ou un soir où nous subissons des retards. Et je ne parle pas de dix minutes de retard. Encore ce matin (le 20 juillet) entre Paris et Cherbourg le trafic a été coupé entre 9 heures et midi. Hier matin, ça a été pareil. C'est tous les jours", tempête Pierre Dumont, le président de l'UDUPC, l'association des usagers de la ligne Paris-Caen-Cherbourg, "La coupe est plus que pleine." Car ces sept derniers jours ne sont que le dernier épisode en date des importantes difficultés que rencontrent les usagers des lignes normandes depuis plusieurs semaines. Ce mercredi 20 juillet, quatre associations de la région, l'UDUPC, ADURN, Vernon Train de Vie et le Collectif BBB tapent du poing sur la table dans un communiqué commun.
Plusieurs ingrédients ont mis le feu aux poudres. Chronologiquement, il y a d'abord le plan de "circulation adaptée" mis en place au printemps dernier, la suppression "temporaire" de certains trains décidée par la Région Normandie et la SNCF au motif du manque de rentabilité. Un plan de circulation amplifié durant la saison estivale. "Normalement , 18 trains en plus devraient circuler", indique Pierre Dumont. Viennent ensuite les travaux EOLE en région parisienne durant tout l'été, la prolongation du RER E, entraînant d'office des retards annoncés d'une demie heure. Un minimum selon les associations. " On avait prévenu (la SNCF et la Région) que les usagers allaient subir d'énormes retards (...) Concrètement, tous les trains normands , les Paris-Caen-Cherbourg, les Paris-Rouen-Le Havre et les trains île-de-France passent tous au même endroit. Ça fait effet entonnoir."
La "bonne idée" de la SNCF et de la Région Normandie
A cela s'ajoute "la bonne idée" de la SNCF et de la Région Normandie, comme le raconte ironiquement le président de l'UDUPC, d'imposer les réservations obligatoires sur les lignes normandes à partir du 1er juillet. "On leur avait dit que c'était une mauvaise idée de l'imposer en juillet compte tenu de la période de travaux qu'on allait traverser. Bingo ! On aurait dû jouer au loto." Les association dénoncent des compositions de trains qui changent au dernier moment et ne correspondent plus aux réservations prises par les usagers. "Quand un Omneo en composition longue doit pouvoir transporter 1000 personnes et qu'on se retrouve avec une composition courte qui ne peut faire que 500 personnes, je vous laisse imaginer le problème que ça cause (...) Ceux qui peuvent s'asseoir, s'assoient. Les autres font ce qu'ils peuvent. Et au pire ils voyagent debout."
Dernier ingrédient de ce cocktail explosif, les fortes chaleurs qui sévissent depuis plusieurs jours et viennent aggraver, selon les associations, ces conditions de circulation déjà difficiles. "Je peux entendre que ces fortes chaleurs aient à la fois un impact sur les infrastructures et sur le matériel roulant,", déclare Pierre Dumont, "La question que je me pose quand même c'est comment ils font en région PACA. Tous les ans, ils ont des températures qui dépassent les 35 degrés, les trains continuent à circuler. Comment ça se fait que chez nous ça ne circule pas."
"On utilise l'outil qu'on nous donne, en toute légalité"
Les quatre associations d'usagers des trains normands lancent donc ce mercredi 20 juillet "un SOS" à travers un communiqué commun. Et plus que d'un SOS, c'est d'un coup de gueule et d'un coup de poing sur la table qu'il s'agit. "Les usagers subissent des conditions de voyage qui sont totalement intolérables, c'est totalement inadmissible." Les associations annoncent ne plus répondre jusqu'à nouvel ordre aux sollicitations de la SNCF et de la Région Normandie, "on suspend nos contributions aux groupes de travail". Mais surtout, elles appellent les abonnés à retourner le système de réservations obligatoires contre la SNCF. "Les abonnés, pour les grandes lignes, ont accès à un outil en ligne qui permet de réserver leur place", explique le président de l'UDUPC, "Nous invitons les abonnés à réserver massivement des places, même les jours où ils ne circulent pas. On utilise l'outil qu'on nous donne, en toute légalité. On ne fraude pas."
Point de menace sans revendications. Dans l'immédiat, les quatre associations réclament une indemnisation de 50% pour les abonnés (ayant un abonnement pour les deux mois d'été), le rétablissement d'une voiture en placement libre sur les heures de pointe du vendredi (aujourd'hui cette voiture n'est en service que du lundi au jeudi) et un respect des compositions annoncées des trains. A plus long terme, elles demandent également l'organisation à la rentrée d'une "réunion de crise avec les vrais interlocuteurs", le président de Région, Hervé Morin, et le directeur des lignes SNCF Normandie, Grégoire Forgeot d’Arc. "Il va falloir des réponses et il va falloir des actions, des actions concrètes et pas des pseudo plans d'action que l'on nous vend depuis deux ans et qui changent tous les six mois", prévient Pierre Dumont, le président de l'UDUPC.