Partie de Paris-Saint-Lazare, une Euroise s'est retrouvée à Lisieux et n'est rentrée chez elle qu'au milieu de la nuit !
Les navetteurs (ceux qui prennent tous les jours le train pour leur travail) le savent : voyager avec la SNCF entre Paris et la Normandie peut réserver bien des surprises et des désagréments.
En plus des retards, si on connaissait déjà les trains supprimés, les pannes de chauffage, les toilettes fermées, les trains trop petits et les voyages effectués debout, les passagers du Paris-Caen-Cherbourg ont testé hier soir (mardi 29 décembre 2020) la "gare oubliée".
Premier souci en gare de Val de Reuil
Valérie, originaire du Sud-Ouest, habite Louviers depuis un an. Venu pour Noël, son fils de 18 ans devait rentrer à Toulouse en train pour reprendre son travail. Valérie se rend alors à la gare de Val-de-Reuil pour acheter les billets et accompagner son fils jusqu'à Paris.
Mais au guichet (comme dans un célèbre sketch) les ennuis se succèdent : erreur du vendeur, trop de billets vendus, annulation difficile, manipulations laborieuses, carte bancaire bloquée, mauvais horaire sur un billet… Ces incidents durent si longtemps que le train prévu pour Paris est raté, ainsi que la correspondance pour Toulouse.
Il faut donc tout reprendre à zéro et finalement opter pour un train de nuit.
Valérie accompagne son fils jusqu'à Paris et, revenue à la gare Saint-Lazare, apprend qu'il n'y a plus de train pour Val-de-Reuil sur la ligne Paris-Rouen-Le Havre.
Pour rejoindre l'Eure, il ne lui reste qu'un train Paris-Caen-Cherbourg avec un arrêt à Evreux, où, une fois arrivée, elle appellera quelqu'un de sa famille pour la ramener à Louviers.
"Panique à bord"
A Paris, le train est à quai et part à l'heure. Après l'embranchement de Mantes, on dépasse Bueil et, un peu avant 22h, des passagers se lèvent et se préparent à l'approche de la capitale de l'Eure. Mais le train ne ralentit pas et passe à pleine vitesse la gare d'Evreux…
Valérie raconte que c'était la panique à bord pour tous ceux, qui comme elle, devait descendre à Evreux. Interloqués, les voyageurs entendent la voix du contrôleur dans les haut-parleurs qui explique que "le conducteur du train a oublié l'arrêt d'Evreux".
Les "oubliés" sont alors invités à se faire connaître. On leur explique que ce n'est pas aux deux gares suivantes (celles de Serquigny et de Bernay où il n'y a plus d'agents de la SNCF à cette heure-ci) qu'ils seront pris en charge mais à l'arrêt de la gare de Lisieux.
Valérie, qui au début de sa journée, pensait rentrer chez elle pas trop tard pour s'occuper de son compagnon en situation de handicap, commence à s'inquiéter de l'enchainement de toutes ces "galères".
Débarqués à Lisieux
Dans la gare du Calvados, une vingtaine de personnes descend. Une responsable de la SNCF parle d'abord d'un retour à Evreux en taxi, avant finalement d'annoncer qu'un autocar sera affrété.
En attendant, et après l'énervement et la colère de certains, débute la distribution de plateaux repas et de café.
En car jusqu'à Evreux
C'est donc par la route que les clients de la SNCF ont été ramenés jusqu'à la gare d'Evreux. Un retour à 1h15 du matin dans une ville déserte et sous couvre-feu…
Un dédommagement ? Une compensation ?
Valérie avait posé la question avant de quitter la gare de Lisieux. Réponse : non, la SNCF ne fait que ramener les passagers à la gare "oubliée".
Comme pour ses compagnons d'infortune, c'est donc en pleine nuit qu'elle a regagné son domicile, quelqu'un étant venu en voiture la chercher devant la gare d'Evreux pour la déposer à Louviers…
Valérie est en colère et ne comprend pas l'attitude de la SNCF face au préjudice subi comme elle l'a raconté à notre confrère Pierre Choisnet, rédacteur en chef de la Dépêche de Louviers dans cet article à lire ici
Une erreur humaine ?
On ne connait pas les raisons pour lesquelles le conducteur du train a "zappé" la gare d'Evreux. La SNCF a été contactée par l'auteur de cet article.
L'union des usagers du Paris-Caen-Cherbourg , l'UDUPC (qui lutte contre les dysfonctionnements de la ligne) confirme les faits et évoque la possibilité d'une erreur humaine.