L’hôpital de Gisors a installé, en Normandie, la toute première cabine de voyage virtuelle destinée à des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Une expérience aussi apaisante qu’émouvante, qui permet aussi de limiter la prise de médicaments et de calmer l’anxiété des malades.
C’est une thérapie aussi efficace que méconnue : la "thérapie par le voyage". Dans une réplique de compartiment de train, à l’intérieur d’un hôpital ou d’un EHPAD, des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou des personnes âgées dépendantes revivent l'excitation du voyage et s'émerveillent grâce à un film projeté sur un écran de télévision… A l'emplacement même de la vitre du wagon.
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Objectif : apaiser les patients, mais aussi booster leurs facultés grâce à la stimulation cognitive. Moins de médicaments et plus de souvenirs : pour les soignants, ce voyage virtuel pourrait représenter un vrai atout dans le traitement des pathologies neurocognitives. Découverte, à Gisors, de la 21e cabine de voyage virtuel de France, une grande première en Normandie.
Un voyage plus vrai que nature
"Bonjour mesdames, vous êtes à la gare de Gisors. Vous voulez faire un voyage vers quelle destination ?"
Pour Jeanine et Huguette, voyager n’était plus qu’un lointain souvenir. Pourtant, aujourd’hui, elles vont prendre le train sans même quitter l’hôpital. La mise en scène est bien rodée. Il me manque rien : contrôleur, écran d’affichage des trains, et même billet. Une animatrice enfile, littéralement, la casquette d’une cheffe de gare. L’autre sera l’accompagnatrice.
Jeanine et Huguette optent pour Lille. Une fois installées dans la cabine défile, sous leurs yeux, un paysage, grâce à une fenêtre virtuelle. L’illusion est presque parfaite. Et le moment, hors du temps pour ces octogénaires, toutes deux atteintes de la maladie d’Alzheimer.
"Ça me rappelle les maisons normandes !"
HuguettePatiente de l'hôpital de Gisors
Entre deux paysages plutôt réalistes sont diffusées des images d’animaux de la savane… Quelque peu éloignées d’un Gisors-Lille. Qu’importe. Ils font travailler la mémoire, remonter des souvenirs à la surface. "Vous avez déjà vu des animaux comme ça ?", interroge l’accompagnatrice. "Moi non. Mais ma sœur oui", se souvient Jeanine.
Des résultats encourageants
A la sortie, Jeanine et Huguette ont des étoiles dans les yeux. Le voyage les a apaisées. L’objectif premier de cette thérapie, née en Italie, qui s’accompagne d’un bilan dressé par l’équipe soignante.
Celui-ci permet d’évaluer les incidences sur le comportement des bénéficiaires. "Quand on a une maladie neurodégénérative, on va avoir des troubles cognitifs, certes, mais aussi des difficultés psycho comportementales", précise Blandine Philippe, psychologue.
Parmi ces difficultés, l’anxiété, très marquée, mais aussi la déambulation. "Ils peuvent vouloir aller quelque-part, rentrer chez eux… Ils sont très stressés", souligne Blandine Philippe. "Les accompagner vers cette cabine, ça va permettre de leur changer les idées, de passer cette idée anxieuse pour leur apporter un apaisement."
A terme, des voyages virtuels de ce type pourraient limiter le recours aux médicaments dans le traitement des maladies neurocognitives et freiner le déclin des patients. En plus de leur offrir une expérience inoubliable.