Neuf personnes, suspectées d'intrusion et de la séquestration d'un gardien dans la cimenterie Lafarge de Val-de-Reuil (Eure) en décembre dernier, seront jugées le 27 juin 2024 devant le tribunal correctionnel d'Évreux, a annoncé vendredi 12 avril, le procureur de la République d'Évreux.

Lundi 8 avril 2024, 17 personnes avaient été interpellées en Normandie et en Seine-Saint-Denis pour s'être introduit le 10 décembre 2023 avec un groupe d'une centaine de personnes sur un site industriel de Lafarge (groupe Holcim) à Val-de-Reuil (Eure). 

Cinq personnes sous contrôle judiciaire

Neuf d'entre elles seront jugées le 27 juin 2024 devant le tribunal correctionnel d'Évreux, indique vendredi Rémi Coutin, le procureur de la République. Sur les neuf personnes, cinq ont été placées sous contrôle judiciaire jusqu'à la tenue de l'audience, a précisé le parquet. 

Sur les 17 personnes interpellées lundi, huit ont été remises en liberté "en raison de l'insuffisance des charges réunies à leur encontre", indique le procureur.

"Le nombre significatif de classements sans suite dès la fin de la garde à vue atteste de la faiblesse de l'enquête et des preuves recueillies", a réagi vendredi après-midi Maitre Chloé Chalot, l’une des avocates des interpellés dans un communiqué de presse du Comité de soutien aux interpellé-es du 8 avril. "Il est très inquiétant que des personnes aient pu être soumises à des interpellations spectaculaires menées par la BRI, des perquisitions de leur domicile et des gardes à vue de 3 jours à la SDAT sur cette seule base", estime-t-elle. 

Le collectif évoque une "brutalité aveugle", en rappelant les erreurs d'adresse de la BRI qui a "traumatisé au moins deux familles" dans la matinée du 8 avril, selon le communiqué.  

Des tags dénonçant les activités de Lafarge

"Vêtues de combinaisons blanches, les visages dissimulés et porteuses de gants", selon un communiqué de Rémi Coutin lundi, ces personnes avaient empêché l'agent de sécurité de sortir de son local avant de se livrer à "d'importantes dégradations".

Avant d'être dispersés par la police à l'aide de gaz lacrymogène, ces activistes écologistes avaient inscrit plusieurs tags dénonçant les activités de l'industriel et les soupçons d'un financement de l'État islamique qui pèsent sur le groupe.

Enquête confiée à la sous-direction antiterroriste

L'enquête a été confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la direction nationale de la police judiciaire et à la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen.

Dans un communiqué diffusé lundi, plusieurs associations, collectifs ou syndicats, dont Attac, les Soulèvements de la Terre, la Confédération paysanne de Seine-Maritime, l'Union syndicale Solidaires, précisaient que l'intervention avait duré, selon eux, "une dizaine de minutes". 

Ils s'étonnent également de "l'usage récurrent de l'antiterrorisme pour diaboliser spécifiquement les mobilisations qui menacent les lobbys industriels". Elle marque, selon eux, "à quel point ce gouvernement leur est inféodé. L’expansion des moyens de surveillance débridée sur un large ensemble de militant.es est particulièrement inquiétante. La SDAT se met aujourd’hui de nouveau au service d’une des entreprises les plus toxiques du monde".

"Les militant-es écologistes sont trop souvent considérés aujourd’hui par le pouvoir comme des terroristes, alors qu’ils ne sont que des lanceurs d’alerte pacifistes et qu’ils défendent l’avenir de notre planète et des générations futures", s'insurge EELV Normandie dans son communiqué. 

Les associations, collectifs et syndicats appellent à des rassemblements de soutien à Caen le vendredi 12 avril, à 18 heures, devant la préfecture et à se mobiliser le 27 juin prochain à Évreux. Le collectif a également mis en place une cagnotte de solidarité pour soutenir les personnes en procès. 

"Séquestration" et "dégradations aggravées"

"L'ensemble des neuf personnes poursuivies seront jugées pour les infractions de séquestration pour préparer ou faciliter la commission d'un crime ou d'un délit avec libération volontaire avant le septième jour, dégradations aggravées par deux circonstances et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement", ajoute-t-il.

Et trois d'entre elles "le seront de surcroît pour l'infraction de refus de se soumettre aux mesures de relevés signalétiques", selon le procureur, qui précise que les gardes à vue se sont déroulées "sans incident" et que "seules trois personnes sur dix-sept ont accepté de répondre réellement aux questions des enquêteurs".

"Deux de ces trois personnes ont reconnu avoir servi de chauffeurs à une partie des individus ayant fait intrusion sur le site de l'entreprise, en affirmant n'avoir pas elles-mêmes participé à cette intrusion", expose le procureur.

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