Loto du Patrimoine. « Il faut jouer ! » pour sauver cette ancienne rubanerie

Les lauréats de la Mission Patrimoine 2024 ont été dévoilés. Parmi eux, une ancienne rubanerie dans l’Eure. Prospère au XIXe siècle, elle est en état de délabrement aujourd’hui. Ses propriétaires veulent donner une seconde vie à ce vestige de l'histoire locale.

Ils sont 100. 100 projets départementaux sélectionnés le lundi 2 septembre 2024 par la Mission Patrimoine. 100 lauréats, qui bénéficieront du soutien financier du « Loto du Patrimoine » pour leur rénovation. Parmi ces 100 sites, la Rubanerie de Saint-Aubin-de-Scellon (Eure).

L’édifice est à l’abandon, très délabré. Mais sa propriétaire, Tra-giang Langet, « très heureuse d’avoir été sélectionnée », souhaite « préserver ce beau bâtiment, témoin de l’histoire locale », et notamment de l’activité industrielle de la région du Lieuvin.

À la fin du XIX^e siècle, des dizaines d'ouvriers s'affairaient dans cette bâtisse sur des machines à tisser, pour fabriquer des rubans, très en vogue à l'époque.

Huisserie, toiture, maçonnerie… Les travaux extérieurs sont estimés à 170 000 euros. « Nous avons envoyé des devis, explique Tra-giang Langet. Le montant qui nous est attribué ne sera connu qu’à la fin de l’année, en fonction de la participation des joueurs. Donc, il faut jouer ! »

Une rubanerie devenue grenier, puis caserne

Pour rappel, chacun peut participer à la réhabilitation des sites sélectionnés en tentant sa chance au Loto du patrimoine. Chaque ticket est vendu depuis ce lundi 2 septembre 2024 pour 15 euros, dont 1,83 euro reversé à la Fondation du patrimoine.

Le public peut également jouer à l’un des sept tirages dédiés à la Mission patrimoine du 7 au 21 septembre. Le jackpot s’élèvera à deux millions d’euros minimum et 54 centimes seront reversés à la Fondation du patrimoine pour chaque grille de 2,20 euros jouée.

Avec ce financement, Tra-giang Langet et son mari ont de belles ambitions. Après avoir restauré la maison de maître, ils aimeraient transformer l'ancienne rubanerie en lieu d'accueil tourné vers le terroir.

Les 1001 vies de l'ancienne rubanerie

Cela donnerait une nouvelle vie à ce site qui en a déjà eu mille. Pour preuve, lorsque la rubanerie a cessé son activité en 1914, l'édifice est devenu grenier à grains avant d'abriter des soldats allemands durant la Seconde guerre mondiale.

« Dans la caserne ici, vu la grandeur des bâtiments, il y avait bien au moins 40 ou 50 soldats », explique Pierre Espaldet, historien et ancien maire de la commune.

En témoignent les dessins d'avions et de symbole nazis réalisés par l'un des SS, et que les propriétaires souhaitent conserver.

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Interviews : Tra-giang Langet, Propriétaire de la rubanerie ; Pierre Espaldet, Historien et ancien maire de la commune • ©Béatrice Rabelle, Didier Meunier