Un ancien patron de pizzeria, soupçonné de viol et d’agression sexuelle, a été remis en liberté en attendant son procès en appel. Ce samedi 28 janvier, à Beuzeville (Eure), une cinquantaine de personnes se sont réunies pour crier leur colère et leur incompréhension.
Elles ont entre 24 et 58 ans et sont quatre victimes de harcèlement, agression sexuelle ou viol. Dans le viseur de ces femmes : leur ancien employeur, un gérant de pizzeria.
Le 5 mai 2022, il a été condamné à quatorze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Eure pour des faits commis entre 2015 et 2018. Après huit mois en détention, le 10 janvier 2023, l’homme est finalement remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès en appel, qui débutera le 12 juin 2023.
Une situation incompréhensible pour les victimes. "C’est une injustice. Maintenant, c’est moi qui suis en prison. J’habite à 15 minutes de chez lui, je n’ose même plus sortir, je dois suivre des soins psychologiques, mais j’ai peur d’y aller, je reste enfermée chez moi", se désole Élodie, une des victimes.
La double peine
L’auteur présumé vit désormais dans le Calvados. Dans les vies fragilisées de ces femmes, la peur a refait surface… "J’ai tellement peur de le rencontrer, je dois demander à quelqu’un pour m’accompagner faire les magasins. Moi, je souffre et lui est en liberté", nous confie la jeune femme, la gorge nouée.
Pour nous c’est une double peine. Notre vie s’arrête. On ne vit plus, c’est de la survie avec la peur de le recroiser, l’angoisse. C’est un enfer au quotidien. J’ai 24 ans et ma vie de femme a été détruite.
Amelie, une victime
Cette décision est vécue comme une injustice pour ces femmes. Pour leur avocat, la remise en liberté de cet homme aurait pu être évitée.
"Ce rassemblement n’est pas pour remettre en cause une présomption d’innocence à laquelle évidemment tous les avocats sont attachés. C’est tout simplement pour dénoncer une remise en liberté avec des conséquences préjudiciables pour les victimes, en sachant que la présomption d’innocence n’implique pas nécessairement une remise en liberté", dénonce Maître Sylvain Naviaux, l’avocat d'une partie civile.