Un médecin généraliste radié pour violences sexuelles : voici les faits qui lui sont reprochés

Le 12 septembre 2024, Frédéric Yon, un médecin généraliste qui exerce à Guichainville, dans l'Eure, a été radié par l'Ordre des médecins. Une décision prise par la chambre disciplinaire de Normandie après trois plaintes pour des violences sexuelles.

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C'est une information de nos confrères d'Ouest-France. Le 12 septembre 2024, Frédéric Yon*, un médecin généraliste âgé de 61 ans, installé à Guichainville (Eure), a été radié par l'Ordre des médecins, après les plaintes de trois femmes pour des violences sexuelles.

Dans le rapport de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins - que France 3 Normandie a pu consulter - les plaignantes dénoncent des dérives.

Trois plaintes pour violences sexuelles

L'une des femmes soutient que ce médecin aurait, lors d'une consultation le 23 décembre 2022, "sans avertissement ni explication préalable, déboutonné et ouvert lui-même la braguette de son pantalon pour lui palper le bas du ventre, alléguant la vérification d’une éventuelle constipation, ce qui n’était pas le motif de la consultation".

Il aurait également passé son stéthoscope sous ses vêtements alors qu’elle était couchée sur la table d’auscultation, puis aurait "sorti le sein droit de son soutien-gorge, lui indiquant, au regard de la réaction de sa sidération et de sa panique, avoir procédé de la sorte pour la détendre".

Le médecin généraliste conteste "tout geste déplacé envers sa patiente" lors de l'audience disciplinaire. Il explique que sa patiente "portait un soutien-gorge très serré dont il affirme avoir écarté le bonnet pour passer le stéthoscope".

Une autre femme, infirmière, a porté plainte pour viol. Elle expose qu’au cours d’une consultation en 2005 pour une sciatique, le médecin aurait "soudainement glissé ses doigts sous sa culotte, puis introduit deux doigts dans son vagin sans avertissement et sans gants, ni aucune justification médicale"

À l’audience disciplinaire, le médecin assure ne pas "avoir eu le moindre geste déplacé envers cette patiente". Il indique que cette femme serait "motivée par un esprit de vengeance" après avoir été éconduite amoureusement par le médecin lui-même.

Des palpations de seins

La troisième patiente lui reproche d'abord en 2018, "des passages très appuyés au niveau du thorax, de lui avoir pressé les seins par-dessus son soutien-gorge, puis d’avoir soulevé celui-ci pour malaxer ses seins nus à pleines mains durant cinq à dix minutes, au prétexte de la détendre".

Puis, en 2021, "d’avoir procédé à une palpation des seins nus, sans soutien-gorge, à pleines mains et sans gants, de façon très insistante". Le praticien a fait valoir que "la palpation mammaire est un ressenti subjectif".

Au regard de ces différents récits, la chambre disciplinaire a retenu "des manquements particulièrement graves aux principes de moralité, de probité et de respect de la vie humaine, prescrits par le code de déontologie médicale" et a prononcé la radiation du tableau de l’Ordre des médecins à l’encontre du Dr Frédéric Yon.

Une procédure d'urgence de l'ARS

Ce médecin avait déjà été radié une première fois par la chambre disciplinaire en 2023 pour ces faits mais il avait fait appel de cette décision - l’appel étant suspensif, il avait pu continuer à exercer.

Mais cette fois, à la suite d'une nouvelle plainte, il a été de nouveau radié par la chambre disciplinaire dans le cadre d’une procédure d’urgence lancée par l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie.

"La particularité de cette procédure particulière est que l’appel n’y est pas suspensif", précise le Conseil de l'Ordre des médecins de l'Eure. Le médecin ne peut donc actuellement plus exercer jusqu’à une éventuelle annulation de la radiation par la chambre d’appel.

Des sanctions au pénal

Le 15 novembre 2006, ce médecin avait déjà été reçu un blâme et une interdiction d'exercer d'un mois avec sursis par la chambre disciplinaire de première instance de Haute-Normandie pour avoir commis une atteinte sexuelle sur une patiente. La cour d'appel de Rouen l'avait condamné à deux ans de prison avec sursis.

Pour les faits plus récents, le tribunal correctionnel d'Évreux l'a condamné à une peine de deux ans de prison, dont une année assortie d’un sursis probatoire pendant deux ans et une interdiction définitive d’exercer sa profession.

Mais la cour d’appel de Rouen a annulé le jugement du 11 avril 2024 au motif qu’il avait été porté atteinte à la présomption d’innocence, et a ordonné la remise en liberté du praticien eurois.

Le médecin fait appel de la décision

Son avocat, Me Arnaud de Saint Remy, précise que son client fait appel de la décision de la chambre disciplinaire du 12 septembre 2024. Il conteste les faits.

"C’est toute la difficulté pour un médecin de se retrouver seul dans son cabinet avec un patient. Les policiers ont une caméra-piéton qui permet de dire ce qu'ils font, c'est presque rassurant. Pour les contrôleurs SNCF, il y a des caméras-piétons. Bientôt, la question se posera pour les médecins pour les protéger d’accusations totalement excessives, dès lors qu’une accusation suffit pour justifier une radiation… Peut-être vrai, peut-être faux."

"La question est de savoir dans quelles mesures ces personnes se sont liguées d’une commune intention contre lui. Il y a plus de 3 000 patients qui ne disent rien contre lui !", conclut l'avocat.

*Nous avons fait le choix de mettre le nom de ce médecin dans cet article pour ne pas jeter l'opprobre sur tous les autres praticiens du secteur.

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