C’est un procès qui a duré cinq jours. La cour d’Assises des mineurs de l’Eure a entendu un couple accusé par deux adolescents de viols incestueux. Les enfants sont les fils de l'accusé. Le père et la belle-mère ont été acquittés.
Les fils de l’accusé, aujourd’hui âgés de 14 et 16 ans, affirment que leur père et leur belle-mère les ont violés lorsqu’ils étaient très jeunes. Des faits qui sont totalement démentis par les deux accusés.
Ces faits ont été jugés en cour d'Assises à Évreux, du lundi 25 au vendredi 29 mars 2024.
Le passé du père entaché
Le père des deux adolescents, âgé de 42 ans, a reconnu, en partie, avoir violé dans les années 90 ses propres sœurs jumelles, alors adolescentes. Les faits auraient eu lieu à une cinquantaine de reprises. Dénoncée à l'époque par les deux filles, la mère de famille leur avait demandé de garder le silence.
Un secret de famille qui sera révélé, des années plus tard, avec la plainte des deux enfants de l’accusé. La parole des femmes, aujourd'hui âgées d'une quarantaine d'années, s'est libérée. Celle de leurs neveux, elles, pose question.
Accusations en cascade
La parole des adolescents a été au cœur des débats durant ces cinq jours du procès. Ils ont eu des versions différentes pendant leurs auditions. Difficile d'y voir clair.
D'autant plus, lors de l'audience, il a été évoqué que le frère aîné était mis en examen pour viol sur son petit frère depuis la semaine dernière. Un élément supplémentaire dans une affaire où pas moins de cinq juges d'instructions différents se sont succédé.
Les avocats du père n'ont cessé de pointer du doigt les changements de versions : "la parole des enfants doit certes être entendue mais pas sacralisée", a précisé la défense.
Trouver la vérité
Ils avancent la thèse du mensonge. Me Kahlfon, qui défend la belle-mère, est convaincu de l'innocence de sa cliente : "Les accusations des deux jeunes garçons sont fantasmagoriques. Rien ne vient les corroborer, elles sont incohérentes et inconstantes." Il ajoute que la personnalité de sa cliente ne correspond pas au contenu de ces accusations.
Concernant le crédit accordé à la parole de l'enfant, l'avocat ajoute : "la parole des enfants doit être prise au sérieux. À chaque fois qu'un enfant accuse un adulte ou un autre enfant de fait sexuel, il faut systématiquement le prendre au sérieux et enquêter. Mais une fois que l'enquête n'a rien révélé, il faut exercer un esprit critique sur cette parole de l'enfant pour savoir si elle est réelle."
Pour lui, ce procès est un "petit Outreau" :
Acquittement de la belle-mère et partiel pour le père
Après de longs débats et des rebondissements, la cour a rendu son verdict : l'accusé a été condamné à six ans de prison, il a été reconnu coupable des faits sur ses sœurs. L'avocat général avait requis huit ans de prison, reconnaissant la souffrance des deux sœurs.
La belle-mère a été acquittée et l'homme n'a pas non plus été reconnu coupable des faits sur ses fils, c'est donc un acquittement partiel. L'avocat général avait également requis l'acquittement, pointant du doigt des faiblesses dans le dossier.