Grève dans les centrales nucléaires de Penly et Paluel : la Normandie sera-t-elle dans le noir cet hiver ?

Après des semaines de grèves dans les raffineries, un autre mouvement social au sein des centrales nucléaires pourrait poser de nouvelles difficultés aux Normands sur le plan énergétique.

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Vous avez eu du mal à trouver du carburant ces dernières semaines ? Prenez votre mal en patience, vous pourriez aussi bientôt manquer d'électricité.

Depuis la rentrée, les mouvements sociaux se multiplient. Dans les raffineries, les salariés ont exercé leur droit de grève à partir de la mi-septembre notamment à Port-Jérôme-sur-Seine et Gonfreville l'Orcher. Si le mouvement chez Total semble s'essoufler ces derniers jours, d'autres grévistes font peser la menace d'un manque d'énergie cet hiver. 

Des coupures d'électricité inévitables ?

Depuis plus d'un mois, dans les centrales nucléaires de Paluel et Penly, plusieurs salariés ont débrayé comme dans une dizaine d'autres sites en France. Les grévistes réclament une augmentation de 200 euros par mois alors que les accords de branche ont conduit à une augmentation de 80 euros. "Pour nous cette demande est totalement légitime du fait de l'inflation, ça fait des années que nous ne sommes pas assez augmentés", explique Sylvain Chevalier, représentant CGT de la centrale de Paluel, "nous travaillons dans une industrie réputée dangereuse, c'est normal que nous soyons rémunérés correctement." Des négociations salariales sont en cours chez EDF.

Cette grève s'ajoute aux difficultés de redémarrage de nombreux réacteurs en maintenance notamment à cause de corrosions dans les systèmes de refroidissement. "Il y avait déjà un planning très serré d'EDF pour remettre sur le réseau ces centrales [...] il y a une possibilité d'une problématique de production d'électricité", s'inquiète Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire.

Pour Sylvain Chevalier, le risque d'une coupure d'électricité est possible. "Ca fait des années que la CGT alerte sur les déficits de production. Nous ne sommes plus en capacité, sur les périodes de pointe, d'assurer l'équilibre offre-demande", assure le syndicaliste. "On a le sentiment qu'avec un hiver, même moyennement rigoureux, ça ne passera pas", poursuit M. Chevalier. Selon les grevistes, les potentielles coupures à venir sont d'abord le résultat du manque d'investissement dans le nucléaire. 

Une situation exceptionnelle dans les centrales françaises

De son côté, le gestionnaire du réseau, RTE, a prévenu qu'une prolongation du mouvement social qui touche le parc nucléaire depuis plusieurs semaines pourrait avoir des "conséquences lourdes" sur l'approvisionnement électrique de la France au coeur de l'hiver. Le 14 septembre dernier, RTE avait placé la sécurité d'approvisionnement électrique de la France sous vigilance renforcée. Le gestionnaire expliquait alors dans un communiqué qu'il s'agissait d'une "situation exceptionnelle."

"Les mouvements sociaux ont conduit à des prolongations d'arrêts généralement de deux à trois semaines sur les réacteurs dont la remise en service était imminente ou proche" et "engendrent également des retards dans la maintenance" pour les autres tranches, souligne RTE dans le même communiqué. EDF a déjà repoussé le redémarrage de cinq réacteurs. Au total 27 réacteurs sont à l'arrêt pour travaux ou maintenance, soit presque la moitié du parc nucléaire français. 

Dans un entretien au site spécialisé Euractiv.fr, Emmanuelle Wargon, Présidente de la Commission de Régulation de l’énergie, s'inquiète, elle aussi, de l'approvisionnement incertain en électricité pour les prochain mois : "nous ne sommes pas certains de passer l’hiver sans coupures."

Pas de risque de black-out

Malgré une situation tendue sur le réseau, le gestionnaire estime le risque "très faible" à "modéré" pour la sécurité d'approvisionnement en électricité dans les prochaines semaines et durant l'hiver. "En aucun cas, la France ne court un risque de black-out", explique l'entreprise.

RTE a plusieurs raisons de ne pas s'inquiéter. D'abord la survenue d'épisodes de froid sévère est "très peu probable" d'ici à fin octobre. L'entreprise souligne également les "niveaux très élevés" en France et en Europe des stocks de gaz, qui permet de produire de l'électricité ou encore les "stocks hydrauliques" qui "vont mieux". Autre élément rassurant pour la sécurité énergétique, selon RTE : une baisse de la consommation électrique de l'ordre de 3 à 4% en septembre par rapport à la tendance du 1er semestre, sous l'effet de l'augmentation des prix de l'énergie.

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